Une famille « nucléaire » bien distincte pour les chiens de Tchernobyl

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Pour en arriver à ce constat, les chercheurs ont analysé les génomes de 302 chiens représentant trois populations canines distinctes vivant en liberté à l’intérieur de la centrale électrique et à des distances variant de 15 à 45 kilomètres du site de la catastrophe.

Une femme salue deux chiens errants au poste de sécurité où elle travaille en face de la nouvelle enceinte géante construite sur les restes du réacteur numéro quatre dévasté de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Anna Vlasinko salue deux chiens errants au poste de sécurité où elle travaille en face de la nouvelle enceinte géante construite sur les restes du réacteur numéro quatre de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 19 août 2017. (Photo d’archives)

Photo : Getty Images / Sean Gallup

Repères

  • Le 26 avril 1986, un accident nucléaire majeur survient à la centrale nucléaire de Tchernobyl, située à 130 kilomètres au nord de Kiev en Ukraine (à l’époque dans l’URSS).
  • L’explosion projette de la matière radioactive dans l’environnement, forçant l’évacuation de dizaines de milliers de personnes et la création d’une zone d’exclusion inhabitée par les humains.
  • La zone est toujours fréquentée par des animaux sauvages et domestiques, dont quelque 800 chiens, descendants de ceux que les habitants ont laissés lorsqu’ils ont fui la catastrophe.
  • Ces chiens vivent dans les bâtiments abandonnés de la centrale ou de son voisinage et sont souvent nourris par les équipes de travailleurs et les touristes.

Le groupe de recherche Les chiens de Tchernobyl a été mis sur pied en juin 2017 en réponse à l’augmentation de la taille de la population de chiens sauvages dans la zone d’exclusion. Ainsi, entre 2017 et 2019, trois stations vétérinaires ont été créées pour fournir des soins aux chiens errants, mais aussi pour recueillir des échantillons sanguins représentant leur diversité géographique.

Une bénévole nourrit un chien errant à l'extérieur d'une station vétérinaire, juste à côté de la centrale de Tchernobyl, le 8 juin 2018. (Photo d'archives)

Une bénévole nourrit un chien errant à l’extérieur d’une station vétérinaire, juste à côté de la centrale de Tchernobyl, le 8 juin 2018. (Photo d’archives)

Photo : AFP / SERGEI SUPINSKY

Des profils génétiques distincts

Des échantillons de 132 chiens vivant à proximité de la centrale, de 154 chiens errants de la ville de Tchernobyl et de 16 chiens errants de Slavutych ont été récoltés pour établir leurs profils génétiques.

Un homme vise avec une sarbacane pour tirer une fléchette tranquillisante sur un chien errant.

Pavel Burkatsky utilise une sarbacane pour tirer une fléchette tranquillisante sur un chien errant dans la zone d’exclusion autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 19 août 2017. Burkatsky participait au projet Les chiens de Tchernobyl. (Photo d’archives)

Photo : AFP / Sean Gallup

Ce travail a permis d’établir que les chiens provenaient de 15 familles différentes, certaines étant réparties sur de vastes zones et d’autres étant plus confinées. De manière générale, il a permis de déterminer que les chiens de Tchernobyl sont génétiquement distincts des autres populations de chiens de races pures ou croisées de douze autres pays.

Lucas Hixson, cofondateur de Clean Futures Fund, caresse un chien errant à l'extérieur d'une station vétérinaire située à côté de la centrale de Tchernobyl.

Lucas Hixson, cofondateur de Clean Futures Fund, caresse un chien errant à l’extérieur d’une station vétérinaire située à côté de la centrale de Tchernobyl.

Photo : SERGEI SUPINSKY

De plus, l’analyse des échantillons montre que les groupes de chiens présents dans la zone d’exclusion sont aussi différents entre eux en fonction de l’éloignement géographique de la centrale. En outre, les chiens occupant l’entourage immédiat de la centrale, principalement des bergers allemands, sont plus consanguins que les autres vivant plus loin, comme dans les villes voisines de Tchernobyl et de Slavutych, situées respectivement à 14 km et à 45 km du site.

Les chercheurs ont aussi établi que les chiens de la centrale et ceux de la ville de Tchernobyl ne semblaient pas se croiser beaucoup.

Deux chiens errants passent devant une grande roue en arrière-plan dans la ville fantôme de Prypiat, près de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Deux chiens errants passent devant une grande roue dans la ville fantôme de Prypiat, près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 29 mai 2022. (Photo d’archives)

Photo : AFP / DIMITAR DILKOFF

Les données recueillies montrent que les chiens peuplant certaines zones autour de la centrale présentent des taux de césium 137 – un radioélément toxique – plus de 200 fois plus élevés que chez ceux vivant à une dizaine de kilomètres dans la ville de Tchernobyl.

Cette étude présente la première caractérisation d’une espèce domestique à Tchernobyl. Elle permet d’étudier les effets de l’exposition à long terme à de faibles doses de rayonnements ionisants, notent les auteurs de l’étude publiée dans la revue Science Advances (Nouvelle fenêtre) (en anglais).


Un chien se repose à côté d'un signe de radioactivité dans la ville fantôme de Prypyat, près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 8 avril 2016. (Photo d'archives)

Un chien se repose à côté d’un signe de radioactivité dans la ville fantôme de Prypyat, près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 8 avril 2016. (Photo d’archives)

Photo : AFP / SERGEI SUPINSKY

Reste qu’il demeure difficile de déterminer quelles différences génétiques ont pu être causées par l’exposition à la radiation ou par d’autres facteurs.

Quoi qu’il en soit, les scientifiques pensent que la diversité génétique unique des chiens de Tchernobyl fait d’eux de bons candidats pour mener d’autres études visant à comprendre les effets à long terme des environnements radioactifs sur la santé des populations de grands mammifères.

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Source :Radio Canada

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