

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, arrivera à New Delhi vendredi matin, pour le sommet du G20, comme plusieurs autres dirigeants. Mais c’est l’absence du président chinois, Xi Jinping, qui se fait davantage remarquer. Elle pourrait être le signe de divisions profondes et croissantes dans le monde, rendant impossibles des consensus entre les différents camps.
Personne n’est surpris par l’absence du président russe Vladimir Poutine, qui évite certains voyages depuis qu’il est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) relativement à des crimes de guerre commis en Ukraine.
La décision de Xi Jinping, annoncée à la dernière minute, d’envoyer son premier ministre Li Qiang plutôt que d’y aller lui-même est toutefois plus significative en termes de relations internationales. Elle démontre une fissure croissante qui sépare le monde en deux camps bien distincts.
Le G20, à mon avis, passera d’un forum de premier plan pour la coordination des politiques économiques internationales à un forum représentant deux parties : les pays avancés représentés par le G7 et les pays en développement que les BRICS [une alliance entre le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud créée en 2008, ces pays se sentant exclus du processus décisionnel mondial] aspirent à représenter
, a affirmé Hung Tran, un membre du Atlantic Council, un groupe de réflexion américain, en entrevue à CBC.
L’absence de ces deux dirigeants, Poutine et Xi, confirme que la division causée par la guerre en Ukraine a atteint le G20.
Mais des divisions existent même à l’intérieur de ces groupes, notamment entre l’Inde et la Chine, qui se disputent le titre de leader des BRICS. Leurs armées ont même participé à des affrontements brutaux autour d’une frontière contestée dans l’Himalaya.
Il y a la Chine, soutenue par la Russie et l’Iran, qui pousse un discours anti-occidental, et l’Inde qui soumet des propositions plus pratiques pour répondre aux besoins du Sud
, a expliqué Hung Tran, citant les efforts indiens pour renforcer les règles commerciales préférentielles pour les pays en développement.
Vers un sommet sans déclaration commune
La perspective d’une déclaration commune à l’issue de ce sommet du G20, contrairement à ce qui s’est passé à Bali, en Indonésie, l’an dernier, est donc peu réaliste. Les membres, qui étaient alors déjà divisés sur la guerre en Ukraine, avaient malgré tout réussi à se mettre d’accord sur l’Initiative céréalière de la mer Noire visant à maintenir les exportations alimentaires en provenance des ports ukrainiens. Cet accord n’a d’ailleurs pas été renouvelé cet été.
Depuis, les tensions en Asie se sont intensifiées. Le mois dernier, les dirigeants des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud ont annoncé un nouveau pacte de sécurité et publié une déclaration commune condamnant le comportement dangereux et agressif de la Chine qui soutient des revendications maritimes illégales
.
Mercredi, au sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), la Chine a quant à elle appelé les pays de l’Asie du Sud-Est, le Japon et la Corée du Sud à rejeter toute influence extérieure indue
.
Nous devons faire face à nos problèmes, éliminer tout malentendu et gérer nos différends
, a déclaré le premier ministre chinois, Li Qiang. Il est très important à l’heure actuelle de s’opposer aux prises de partie, aux confrontations de blocs et à une nouvelle guerre froide
.
L’importance du G20 pour le Canada
Le G20 demeure cependant particulièrement important pour les puissances moyennes, comme le Canada, qui dépendent fortement du commerce international, estime Paul Samson, qui a co-présidé pendant plusieurs années le principal groupe de travail du G20 sur l’économie mondiale.
Il est donc absolument dans l’intérêt du Canada de maintenir le G20 en aussi bonne posture que possible, mais cet environnement est tout simplement très difficile à l’heure actuelle.
Il n’existe rien présentement pour remplacer le G20 et amener les dirigeants mondiaux à se rassembler
, a ajouté Hung Tran. Et c’est pour cela que le G20 a vu le jour, parce qu’il comble un vide.
Cela survient également alors que le Canada a suspendu les négociations en cours pour un accord commercial avec l’Inde. Plus tôt cette semaine, la ministre fédérale du Commerce, Mary Ng, a déclaré que la pause n’était qu’une réflexion pour faire le point sur où nous en sommes
.
Vendredi, M. Trudeau a déclaré qu’il n’avait rien à ajouter. Avant d’embarquer dans son avion vers New Delhi, il n’avait toujours pas réussi à organiser une rencontre avec le premier ministre indien, Narendra Modi.
Nous savons que les négociations autour du libre-échange sont longues et complexes et je n’en dirai pas plus pour le moment.
Justin Trudeau devrait atterrir à New Delhi, en Inde, vendredi matin, pour participer au sommet du G20. Le premier ministre canadien devrait se concentrer sur le changement climatique, l’alimentation, la sécurité énergétique et l’égalité des sexes lors de ses rencontres avec les autres dirigeants.
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Avec les informations de CBC et La Presse canadienne