
L’insuline est une hormone naturellement produite par le pancréas, plus précisément par les cellules bêta situées dans les îlots de Langerhans – des ensembles de quelques centaines de cellules qui représentent environ 1 à 2 % de la masse de l’organe, soit environ 1,5 gramme.
L’insuline permet au sucre d’entrer dans les cellules du corps, qui l’utilisent comme source d’énergie. Ainsi, le corps produit la quantité nécessaire d’insuline en fonction de ses besoins et des aliments qui sont consommés. Le diabète se manifeste lorsque le corps est incapable de produire suffisamment d’insuline ou de l’utiliser correctement.
Un dérèglement de la fonction des cellules bêta est au cœur du diabète de type 2
, explique Mathieu Ferron, directeur de recherche à l’IRCM.
Or, Mathieu Ferron et sa collègue Julie Lacombe ont fait une découverte étonnante. Une protéine qui n’était pas connue et qui est présente dans les cellules bêta est dépendante de la vitamine K.
Cette protéine gamma-carboxylée, appelée ERGP, contrôle les niveaux de calcium dans les cellules bêta. Le calcium est vraiment important pour réguler la sécrétion d’insuline par ces cellules
, ajoute la docteure Lacombe.
« Notre étude montre que la vitamine K, par la gamma-carboxylation, est essentielle pour que ERGP exerce son rôle. »
Le rôle inconnu de la vitamine K
La vitamine K est un micronutriment essentiel qui est connu pour son rôle dans la coagulation du sang
, explique Mathieu Ferron, directeur de recherche à l’IRCM.
Cette vitamine est impliquée dans une réaction enzymatique appelée gamma-carboxylation, qui joue un rôle critique dans plusieurs facteurs de coagulation, mais certaines de ses autres fonctions restaient à déterminer.
Les chercheurs tentaient de mieux cerner les fonctions de la vitamine K depuis plusieurs années.
Il y avait des études cliniques qui suggéraient qu’une diète plus riche en vitamines K pouvait protéger du diabète de type 2. Et inversement, des personnes qui avaient des niveaux de vitamine K plus bas dans le sang présentaient un risque accru dans le diabète de type 2
, affirme Mathieu Ferron.
« On s’est demandé comment la vitamine K protège du diabète et quels sont les mécanismes impliqués. »
L’équipe de l’IRCM est ainsi parvenue à trouver les mécanismes biologiques par lesquels la vitamine K protège du diabète.
« Le rôle du calcium dans le contrôle de l’insuline était déjà connu, mais le contrôle d’ERGP sur les niveaux de calcium était complètement inconnu. Donc, la connaissance du rôle de régulateur de la vitamine K sur les niveaux de calcium, c’est vraiment nouveau. »
Les présents travaux ont été menés sur les souris et sur des îlots de Langerhans humains. Les chercheurs estiment qu’ils pourraient mener à de nouvelles applications thérapeutiques impliquant la vitamine K dans le traitement du diabète de type 2, mais des études devront d’abord être réalisées chez l’humain. Des études qui prendront en considération le rôle de la vitamine K dans la coagulation du sang.
L’organisme ne peut pas synthétiser par lui-même cette vitamine, si bien qu’elle ne peut être obtenue que par l’alimentation, en consommant des légumes verts ou certains fromages.
« On ne peut pas la fabriquer, donc on doit la manger. Certaines personnes avec des diètes riches en aliments ultratransformés en présentent de faibles niveaux. »
<
p class= »e-p »>C’est la première fois en 20 ans qu’on identifie une nouvelle protéine dépendante de la vitamine K. Cela ouvre certainement un nouveau champ de recherche.
Le diabète est une des maladies chroniques les plus courantes au Canada. Plus de 2,4 millions de Canadiens vivent avec le diabète, ce qui représente environ 6,8 % de la population.