
Une visite au cœur des remous
Au cours du voyage des élus, il sera notamment question de résilience face à l’ingérence chinoise. L’économie sera aussi au menu, car Taïwan souhaite que le Canada endosse son adhésion au partenariat transpacifique, un accord de libre-échange entre Ottawa et dix autres pays de l’Asie-Pacifique.
Pour Henri-Paul Normandin, ancien diplomate en Asie et membre de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM), le moment de la visite des députés est particulier. Ces voyages sont fréquents (le dernier remonte à octobre dernier). Mais on est dans un moment de tension vraiment délicat, où Taïwan tente de resserrer les liens avec les pouvoirs occidentaux face à la pression chinoise.
Hier, l’armée chinoise a soutenu avoir achevé avec succès
ses manœuvres militaires d’encerclement pendant trois jours de l’île. Pékin avait déployé pas moins d’une douzaine de navires de guerre et une centaine d’avions, le dernier jour de l’opération.
Des manœuvres entreprises pour dénoncer la rencontre entre la présidente taïwanaise et le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy, ainsi que la collusion entre les forces séparatistes taïwanaises et leurs alliés extérieurs.
La Chine considère Taïwan comme une province qu’elle n’a pas réussi à réunifier à son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise, en 1949, ce qu’elle cherche toujours à réaliser.
Un rapport sensible pour Pékin
La mission canadienne se déroule aussi peu après le dépôt du rapport parlementaire du comité spécial sur la relation entre le Canada et la Chine, consacré à Taïwan.
« Il y a quelques phrases qui peuvent faire tiquer la Chine, dans le rapport. Parmi ses recommandations, et même si Ottawa ne revient pas sur la doctrine d’une seule Chine, il est bien écrit que l’avenir de Taïwan doit être décidé uniquement par le peuple de Taïwan. »
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p class= »e-p »>Par ailleurs, le rapport recommande de favoriser une véritable participation
de Taïwan aux organisations internationales, notamment à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI ) ainsi qu’à l’Organisation mondiale de la santé (OMS ). Ils ne vont pas aimer ça non plus…
, commente M.Normandin.
Un partenaire économique à ne pas négliger
Le mois dernier, la présidente de Taïwan a appelé le Canada à soutenir l’accession de l’île à l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP
). L’importance économique de Taïwan, treizième partenaire commercial du Canada et lieu de passage de la moitié des porte-conteneurs commerciaux au monde, en fait un territoire stratégique pour Ottawa. L’économie aura donc une large place dans les échanges à Taipei.En octobre dernier, une délégation de moindre importance, cinq députés du groupe d’amitié Canada-Taïwan, avaient passé six jours à Taïwan. Ils avaient assisté aux célébrations de la fête nationale.
Le ministère des Affaires étrangères de Taïwan avait alors mis l’accent sur le ferme soutien du Parlement canadien
à un moment où la Chine faisait monter de façon injustifiée les tensions régionales. »
La délégation en visite à Taïwan cette fois-ci compte les libéraux John McKay, Ken Randeep Sarai, Ken Hardie, les conservateurs James Bezan, Michael Chong, Raquel Dancho, Cherry Gallant, les néo-démocrates Heather McPherson et Lindsay Mathyssen, et le bloquiste Stéphane Bergeron.
Sur la page Relations Canada-Taïwan
, le Canada dit que conformément à sa politique d’une seule Chine, le Canada entretient des liens non officiels, mais précieux avec Taïwan sur le plan économique, culturel et humain.