
Un biologiste de l’Université du Cap-Breton espère qu’une technologie utilisée pour assurer la sécurité des personnes pendant la pandémie pourra aider à protéger les huîtres de la Nouvelle-Écosse contre les effets du réchauffement des eaux.
Cet été, le biologiste Rod Beresford a adapté une technologie qui a permis de détecter la COVID-19 dans les eaux usées dans le but de surveiller la menace de l’infection au parasite Perkinsus Marinus, aussi appelée maladie dermo
.
Cette maladie a contribué au déclin important des huîtres dans le sud-est des États-Unis et elle a été détectée dans le nord-est des États-Unis.
Des chercheurs s’inquiètent par conséquent que le parasite se retrouve au Canada, surtout avec les températures des océans qui atteignent des niveaux records (Nouvelle fenêtre).
Étant donné la proximité de la maladie dermo
, que l’on retrouve dans le Maine, il n’y a pas une longue distance à parcourir, car les choses bougent, explique M. Beresford. Il existe toutes sortes de façons d’introduire des espèces envahissantes dans une zone.
Cette surveillance fait partie des efforts déployés par les chercheurs pour aider les ostréiculteurs à se préparer aux effets des changements climatiques.

Rod Beresford affirme qu’une écloserie aidera les producteurs à rétablir une industrie ostréicole commerciale dans le lac Bras d’Or.
Photo : Gracieuseté de l’Université du Cap-Breton
Les recherches de Rod Beresford se concentrent généralement sur le MSX, un parasite envahissant des huîtres.
Le MSX est arrivé au Cap-Breton en 2002 et il a rapidement dévasté les populations d’huîtres sauvages et cultivées de la région. Il a anéanti une grande partie de la production d’huîtres dans le lac Bras d’Or.
Nous sommes désormais assez convaincus qu’il est possible d’élever des huîtres au Bras d’Or
, dit le chercheur. Même en présence de ce parasite, qui est inoffensif pour l’homme.
Rod Beresford se concentre maintenant sur les menaces posées par le changement climatique, et la maladie dermo
, qui, selon lui, est tout aussi destructrice que le MSX
.
Cette maladie attaque les tissus des huîtres. Une fois ingéré, le parasite peut proliférer dans les cellules sanguines et finir par tuer son hôte.

Des huîtres à l’Île-du-Prince-Édouard.
Photo : Radio-Canada / Elisa Serret
Étant donné que la maladie se transmet entre les huîtres, un outil facilitant sa détection peut aider les ostréiculteurs à réagir et à limiter la propagation. C’est ce qui a mené Rod Beresford à examiner un test rapide conçu par la société LuminUltra. Le test avait été développé pour surveiller le COVID-19 dans les eaux usées.
Un test rapide est essentiel, car vous pouvez l’apporter directement à la ferme. Vous n’attendez pas des jours pour obtenir des résultats
, dit-il. Plus tôt vous aurez cette information, plus tôt vous pourrez agir.
Le laboratoire de Rod Beresford a adapté le test ADN au protozoaire, qui est différent d’un virus, en utilisant des échantillons de la maladie dermo provenant de Virginie, aux États-Unis. Cet été, il a effectué d’autres tests auprès des producteurs d’huîtres de la région de Yarmouth.
Ryan Carnegie, professeur à l’Institut des sciences marines de Virginie, sait bien que la maladie dermo est associée aux eaux du sud, mais ses récentes études démontrent que le parasite Perkinsus Marinus a évolué.

Ryan Carnegie, professeur à l’Institut des sciences marines de Virginie, collecte des huîtres avec une étudiante dans le cadre de la surveillance du parasite Perkinsus marinus.
Photo : Gracieuseté de Ryan Carnegie
Il semble différent, il touche une partie différente du corps de l’huître
, dit-il. Nous ne pouvons pas nécessairement prédire où l’évolution va mener le Perkinsus marinus. Même si nous ne pensons pas qu’il soit capable de prospérer dans des environnements plus froids, ça ne veut pas dire qu’il ne va pas changer.
Ryan Carnegie dit que l’évolution montre qu’il est important de considérer la façon dont la maladie pourrait s’adapter à mesure qu’elle se propage vers le nord.
Le laboratoire de Rod Beresford dans le lac Bras d’Or est aussi sur le point de démarrer une écloserie. Il prévoit de commencer à y produire des huîtres matures destinées à la reproduction cet été.
Le but de cette écloserie et du programme de surveillance des parasites est de faire de la culture des huîtres, une industrie résiliente aux changements climatiques.
Avec les informations de Moira Donovan de CBC
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