Trump, le Voldemort des politiciens canadiens

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Les chefs libéral et conservateur ont affiché le même air contrit quand on leur a demandé de commenter la mise en accusation de Donald Trump cette semaine. Les deux politiciens semblaient avoir autant envie de parler des ennuis de l’ex-président avec la justice que de se faire arracher une dent.

C’est une question qui se pose pour les Américains, pour leur système de justice, a tranché le premier ministre à Lévis mardi.

À Saguenay, le même jour, le chef conservateur n’a pas été plus bavard. Je ne fais pas de lecture là-dessus, parce que moi, je travaille pour le Canada […]. Je n’ai pas de temps à gaspiller sur les politiques internes des autres pays.

Le nom de l’ex-président républicain est pratiquement devenu tabou. Comme dans le cas de Lord Voldemort dans les romans d’Harry Potter, ne prononcez pas son nom, sinon il risque d’apparaître!

En entrevue à Tout le monde en parle, Justin Trudeau a même fait des détours pour ne pas le nommer. Il a raconté qu’au souper qu’il a partagé avec l’actuel président Joe Biden, ça a été un grand plaisir de ne pas parler de « l’autre », laissant ainsi transparaître, seulement à mots couverts, ses sentiments à l’endroit de Donald Trump.

Mauvais souvenirs

C’est que le retour de Donald Trump à l’avant-scène médiatique rappelle de mauvais souvenirs à la classe politique canadienne. Durant son passage à la Maison-Blanche, il a menacé de mettre le feu au traité de libre-échange avec le Canada et le Mexique, imposé des tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier et joué les trouble-fête au sommet du G7 dans Charlevoix. Entre autres.

Le président Donald Trump a rencontré le premier ministre Justin Trudeau au G7 de Charlevoix le 8 juin 2018. Donald Trump avait quitté ce sommet sans appuyer le communiqué final.

Le président Donald Trump a rencontré le premier ministre Justin Trudeau au G7 de Charlevoix le 8 juin 2018.

Photo : Reuters / Leah Millis

La retenue est donc de mise. Justin Trudeau avait d’ailleurs compris les vertus de la prudence dès le début de la campagne en vue des primaires républicaines de 2015, quand la candidature de Donald Trump semblait encore bien farfelue aux yeux de plusieurs. Il avait évité toute critique, tout reproche, même si les différences entre les vues politiques des deux hommes sautaient aux yeux.

Alors que Donald Trump affiche son ambition de retourner à la Maison-Blanche, Justin Trudeau agit avec la même réserve que par le passé, sachant fort bien que tous les mots prononcés de travers pourraient éventuellement nuire aux relations canado-américaines.

Cependant, dans le cas de Pierre Poilievre, son souhait de ne pas commenter tient non seulement de la prudence mais probablement aussi d’une volonté de ménager les sensibilités de sa propre base électorale. En effet, plusieurs de ses partisans sont des adeptes de Donald Trump.

Un sondage Léger-Le Journal-National Post paru le 23 mars dernier indiquait que les Canadiens qui se définissent comme des conservateurs sont bien plus enclins à souhaiter que Donald Trump redevienne président. À la question « Préféreriez-vous avoir Joe Biden ou Donald Trump comme président des États-Unis? », 41 % des répondants conservateurs ont choisi Donald Trump. Seulement 9 % des libéraux ainsi que 5 % des bloquistes et des néo-démocrates étaient de cet avis.

Pas un scénario souhaité

N’en déplaise à cette portion de l’électorat, les conservateurs n’auraient pas plus avantage que les libéraux à ce que Donald Trump redevienne président en 2024.

Son retour pourrait signifier une recrudescence du protectionnisme américain, ce qui aurait le potentiel de toucher plusieurs secteurs d’activité canadiens. Son imprévisibilité n’augurerait certainement rien de bon sur la scène diplomatique en ces temps délicats où la guerre en Ukraine laisse planer une incertitude sur l’équilibre actuel des forces des grandes puissances.

Deux manifestants à cheval avec des drapeaux.

Deux manifestants montent à cheval devant des camions stationnés et devant la colline du Parlement lors d’une manifestation contre les restrictions liées à la COVID-19 à Ottawa le samedi 5 février 2022.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Donald Trump, en plus d’attirer l’attention médiatique comme un aimant, siphonne également les énergies des gouvernements alliés. Ottawa a dépensé un temps fou à renégocier l’ALENA que l’administration Trump souhaitait déchirer. Cela a laissé bien peu de place aux autres questions dans la liste des priorités gouvernementales. Même si des frictions demeurent avec l’administration Biden – des conflits sur le bois d’œuvre et sur les quotas laitiers, par exemple –, personne ne regrette les années Trump au bureau du premier ministre.

Pour les conservateurs de Pierre Poilievre, un risque supplémentaire plane : celui d’être associé aux frasques de Donald Trump et d’en subir les contrecoups politiques. En effet, si une frange de l’électorat canadien apprécie le style de Donald Trump, une plus grande partie préférerait qu’il reste à Mar-a-Lago pour frapper des balles de golf plutôt que de prendre le chemin de Washington.

Pierre Poilievre – qui est encore en train de se définir aux yeux des Canadiens en vue du prochain scrutin – a compris qu’il n’avait pas avantage à lui manifester la moindre sympathie.

Source :Radio Canada

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