Trudeau en Inde : pas de costumes, mais pas d’entente de libre-échange non plus

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Dans une pièce beige d’un hôtel de Jakarta, Mary Ng laisse échapper un sourire un peu forcé. On sent que la pause dans les négociations de libre-échange entre l’Inde et le Canada n’était pas son idée.

Ce genre de négociations est complexe. Nous devons prendre une pause afin d’évaluer l’état de nos progrès, exprime la ministre du Commerce international. La même réponse que le gouvernement offre depuis plusieurs jours, et que Justin Trudeau a répété mot pour mot vendredi matin à Singapour.

Je pense que cette pause forcée nuit à l’image des deux pays, croit Goldy Hyder, le PDG du Conseil canadien des affaires.

Si on n’arrive pas à s’entendre sur la nature même des négociations, ça envoie un mauvais signal.

Mais la ministre laisse planer le mystère sur les véritables raisons de cette pause. Est-ce que le Canada se frappe à des demandes trop exigeantes de l’Inde? Est-ce que l’Inde a des réticences en raison de certaines politiques internes au Canada?

La ministre n’ajoute aucun détail. Pourtant, l’importance d’une telle entente commerciale avec l’Inde ne saurait être sous-estimée.

La taille de l’économie indienne a doublé au cours des six dernières années. C’est maintenant le pays le plus populeux du monde, surpassant la Chine.

De nombreux secteurs névralgiques sont porteurs à long terme, estime le professeur Serge Granger de l’Université de Sherbrooke. L’uranium ou les lentilles par exemple : le Canada est le premier fournisseur de l’Inde.

Le fruit commence à être pas mal mûr, estime le professeur Granger. Pour pouvoir dire mission accomplie durant ce voyage, Monsieur Trudeau devrait revenir avec une entente, soit sur la protection des investissements ou soit sur une avancée sectorielle dans l’entente de libre-échange.

Mais une source haut placée au sein du gouvernement canadien insiste pour remettre les pendules à l’heure. Il n’y aura pas d’annonce liée à l’accord de libre-échange durant la visite en Inde, confie-t-elle.

Relations tendues

Le Canada aimerait se rapprocher économiquement de l’Inde. Mais les relations sont parfois tendues entre le premier ministre indien, Narendra Modi, et Justin Trudeau.

L’Inde reproche souvent à Ottawa sa réponse timide concernant un mouvement séparatiste indien. Le Canada accueille la plus grande diaspora sikhe au monde et est reconnu comme une plaque tournante du mouvement pour un Khalistan indépendant.

Le défilé Vaisakhi à Surrey.

Le Canada accueille la plus grande population de confession sikhe à l’extérieur de l’Inde. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Ben Nelms

Dans l’entourage du premier ministre Trudeau, on assure que les relations entre les deux hommes se sont un peu réchauffées au cours des dernières années, notamment au sommet du G7 à Hiroshima ce printemps, où on a vu les deux hommes s’accueillir en souriant.

Mais des événements récents au Canada ont peut-être contribué à jeter un nouveau froid sur ce lien de confiance naissant.

Séparatisme sikh

L’assassinat d’un dirigeant d’un temple sikh à Surrey en Colombie-Britannique, en juin, ajoute au contexte. Certains militants sikhs y voyaient un geste politique de la part du gouvernement indien.

Le groupe américain Sikhs for Justice a appelé ses sympathisants au Canada à assiéger les missions diplomatiques de l’Inde et ont proféré des menaces de mort.

L’Inde disait alors craindre pour la sécurité de ses diplomates au Canada. Des préoccupations qui ont maintenant été apaisées, selon ce que le haut-commissaire indien à Ottawa, Sanjay Kumar Verma, a confié aux médias récemment.

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C’est le genre de tension politique qui perdure depuis des années entre Ottawa et New Delhi. Et c’est probablement une des raisons qui ralentit les négociations d’une entente de libre-échange entre les deux pays, selon Goldy Hyder, le PDG du Conseil canadien des affaires.

J’ai une certaine sympathie pour le gouvernement indien qui demande au Canada de ne pas s’ingérer dans ses affaires internes, dit-il. C’est la moindre des choses.

L’Inde protectionniste

Le Canada n’est pas le seul à blâmer pour les négociations qui sont au neutre, ajoute M. Hyder. L’Inde est un pays plutôt protectionniste, et c’est un défi, affirme-t-il. Il faudra travailler très fort pour conclure une entente qui satisfera les deux camps.

Selon Goldy Hyder, la pause dans ces négociations de libre-échange n’est pas nécessairement une mauvaise chose non plus.

À ce point-ci, le Canada doit se demander : Où en sommes-nous dans les négociations? Dans quels secteurs peut-on trouver un consensus? Y a-t-il des secteurs où nos attentes sont irréalistes? souligne-t-il.

Un homme portant des lunettes et assis à une table de conférence sourit derrière un micro.

Le PDG du Conseil canadien des affaires, Goldy Hyder (Photo d’archives)

Photo : Associated Press / Theodore Kaye

Équipe Canada à la rescousse?

Le Canada ne baisse pas les bras pour autant. La ministre du Commerce international Mary Ng mènera une mission économique d’Équipe Canada en Inde cet automne.

Il s’agira d’une des plus grandes délégations du genre depuis plusieurs années. Environ 200 participants se joindront au voyage, représentant notamment les secteurs énergétique, manufacturier et agroalimentaire.

Pour le gouvernement Trudeau, l’influence de l’Inde, tant économique que géopolitique, en fait un partenaire potentiel incontournable. Les gens d’affaires canadiens espèrent que le gouvernement indien voit également les choses du même œil.

Source :Radio Canada

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