
Cinq jours après le violent séisme, l’armée, les professionnels de la santé et les citoyens se mobilisent pour soigner les blessés, trouver des survivants et acheminer les denrées essentielles dans les villages nichés dans les montagnes encore inaccessibles en voiture.
Marouane n’a pas hésité à répondre à l’appel du ministère de la Santé publique. Le séisme a eu lieu le 8 septembre au soir, et le 9 au matin, il était déjà à Marrakech. Prêt à aider.
Il fait partie d’une brigade composée de 50 médecins et 60 infirmières qui font chaque jour l’aller-retour entre Marrakech et les villages avoisinants qui ont été touchés.

Des médecins et des infirmiers volontaires posent devant une unité de santé mobile.
Photo : Photo fournie par Marouane Bouhabs
Le médecin généraliste de 27 ans et son équipe sont équipés de deux unités mobiles
stationnées depuis trois jours dans la ville de Ouirgane, au sud de Marrakech. On reçoit environ 300 patients par jour
, estime le bénévole.
Au début, on recevait des patients avec des fractures, des plaies ouvertes ou des traumatismes crâniens, mais ce type de malade diminue chaque jour. Maintenant, ce sont des patients avec des blessures plus minimes, comparativement à ce qu’on a reçu samedi et dimanche.
Il y a aussi les survivants qui souffrent de maladies chroniques et qui ont perdu leurs médicaments durant le séisme, sans compter le défi humanitaire qui s’additionne, tient-il à préciser.
Mais le défi, à présent, c’est d’accéder aux résidents qui habitent les villages nichés dans les montagnes, car le séisme a dévasté de nombreuses habitations de villages situés dans des zones montagneuses, parfois très difficiles d’accès.
Mardi, sa brigade a même dû envoyer huit médecins par hélicoptère, en coordination avec l’armée, afin de traiter les blessés qui résident dans des villages isolés.

Une unité de santé mobile.
Photo : Photo fournie par Marouane Bouhabs
Fourgonnettes remplies de denrées
Mercredi, des équipes du ministère de l’Équipement poursuivaient leurs travaux pour rouvrir des pistes menant à des petits villages montagneux dans la province sinistrée d’Al-Haouz, à un peu plus d’une heure de Marrakech, a indiqué à l’AFP un responsable au ministère. La route qui mène à la commune d’Ighil, épicentre du séisme, et au village d’Aghbar à proximité, est rouverte
, a-t-il précisé.
Sur la route menant à Amizmiz, à environ une heure au sud-ouest de Marrakech, la solidarité des habitants est toujours visible, à voir les fourgonnettes remplies de cartons et les toits chargés de matelas, ou des villageois en train de charger des camions d’aides, selon des journalistes de l’AFP.
Une autre équipe de l’AFP a vu également des convois d’aide privée se rendre vers des villages reculés plus à l’ouest.

Un camion transportant des biens de secours pour les victimes du tremblement de terre près d’Adassil, le 13 septembre 2023.
Photo : AFP / PHILIPPE LOPEZ
Nawal Benrouayene, une avocate québécoise d’origine marocaine, se trouve présentement à Rabat, la capitale. En entrevue à RDI, elle affirmait qu’elle comptait se diriger jeudi vers les régions touchées par le séisme, avec d’autres volontaires, à bord de deux fourgonnettes remplies de nourriture, d’eau et de couvertures.
À certains endroits, les voitures ne peuvent pas passer. Donc, on va transporter la nourriture à dos d’âne pour l’acheminer aux gens dans les montagnes.
Il y a eu un travail extraordinaire, les gens se sont vraiment mobilisés
, remarque-t-elle, tout en ajoutant que l’armée marocaine a également été très présente dans les régions touchées.
L’armée mobilisée
À Amizmiz, des soldats ont distribué mardi des tentes aux habitants dont les maisons ont été détruites ou endommagées. Si cela est un signe que l’aide arrive, les survivants sont toutefois laissés dans l’incertitude quant à leur sort, certains craignant notamment l’arrivée de la pluie.

Des gens marchent dans un camp pour les survivants du tremblement de terre qui ont perdu leur maison à la suite d’un tremblement de terre meurtrier à Talat n’Yaaqoub, au Maroc, le 13 septembre 2023.
Photo : Reuters / HANNAH MCKAY
Puis dans la ville d’Asni, située à 90 km sud de Marrakech, un hôpital militaire a été déployé il y a deux jours.
Mais outre les blessés physiques, l’aide la plus sollicitée est désormais celle psychologique et psychiatrique, a constaté sur place Tamara Altéresco, journaliste de Radio-Canada déployée au Maroc.
Il y a des gens qui ne mangent plus, qui n’arrivent plus à dormir, qui ne font que penser à leurs proches décédés, qui n’arrivent pas à sortir de leur maison, qui ont tout oublié ce qui s’est passé le 8 septembre
, relate-t-elle.

Même si les secouristes déployés au Maroc intensifient mercredi leurs efforts pour venir en aide aux villages de montagne dévastés par le violent séisme qui a fait plus de 2900 morts, les espoirs de retrouver des survivants s’amenuisent cinq jours après la catastrophe.
Le tremblement de terre qui a frappé vendredi soir une région du Haut-Atlas, au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech (centre), a fait également 5530 blessés, selon un dernier bilan officiel.
Face à l’ampleur de la catastrophe, les autorités marocaines ont sollicité plusieurs pays étrangers comme l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis, pour envoyer des équipes de recherche et sauvetage.
Au Québec, la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron, a annoncé mardi que le gouvernement enverra une aide d’urgence de 1,5 million de dollars (Nouvelle fenêtre) au Maroc.
Avec les informations de l’Agence France-Presse