Pourquoi les grands maîtres ajoutaient-ils du jaune d’œuf à leurs œuvres?

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Détail de l'œuvre « La Lamentation sur le Christ mort » de Sandro Botticelli.

Détail de l’œuvre « La Lamentation sur le Christ mort » de Sandro Botticelli. La chair et certains éléments de la tête du Christ montrent l’accumulation typique d’une couche d’empâtement associée au jaune d’œuf et l’application de la peinture par hachures. L’herbe au premier plan (en brun) présente les propriétés typiques des peintures à l’huile.

Photo : Alte Pinakothek/Wibke Neugebauer

On savait que les grands maîtres de l’époque utilisaient de l’huile comme liant dans leurs peintures, ce qui permettait d’agglutiner les pigments de couleur. D’autres substances étaient parfois utilisées, par exemple la résine, qui apportait du brillant et augmentait la transparence.

Toutefois, des protéines ont également été détectées dans un grand nombre de leurs œuvres. Or, les raisons pour lesquelles ils ajoutaient des protéines dans leur processus de peinture demeuraient mystérieuses à ce jour.

Les techniques de peinture des anciens maîtres étaient transmises dans les ateliers, mais elles se sont perdues au fil des époques, notent les chercheurs, dont le détail des travaux est publié dans la revue Nature Communications (Nouvelle fenêtre) (en anglais).

Détails de l'œuvre « La Lamentation sur le Christ mort » de Sandro Botticelli.

La chair et les détails des pieds de saint Jean dans l’œuvre de Botticelli montrent aussi l’accumulation d’une couche d’empâtement associée au jaune. Pour sa part, l’herbe au premier plan, y compris la couche de peinture vert foncé (presque noire), présente les propriétés typiques d’une peinture à l’huile.

Photo : Alte Pinakothek/Wibke Neugebauer

Si les pigments, les liants et les techniques utilisées à l’époque sont grossièrement connus, bien peu de détails sont parvenus à nos jours.

Les travaux de l’ingénieure mécanique française Ophélie Ranquet et de ses collègues de l’institut Karlsruhe de technologie, en Allemagne, ont permis d’étudier l’effet de l’ajout de matières protéiques (sous forme de jaune d’œuf) aux peintures à l’huile.

Leur travail a permis de constater que les protéines de l’œuf forment une fine couche autour des particules de pigments de couleur, ce qui empêche l’absorption d’eau, particulièrement dans les environnements humides.

L’ajout de quelques gouttes de jaune d’œuf permet aussi d’obtenir des peintures plus rigides, ce qui permettait de l’appliquer en couches épaisses pour produire du relief.

De plus, les antioxydants contenus dans le jaune d’œuf contribuent à prévenir le jaunissement lors du séchage de l’œuvre en ralentissant la réaction entre l’oxygène et les différents composants de l’huile.

L’œuf agit comme un antioxydant, qui ralentit le début du durcissement et qui favorise la formation de réseaux réticulés moins sujets à la dégradation oxydative que l’huile seule, ce qui a amélioré la préservation d’œuvres d’art inestimables, expliquent les auteurs de ces travaux.

Les chercheurs estiment que leur étude améliore notre compréhension des raisons pour lesquelles ces artistes ont ajouté des protéines, telles que le jaune d’œuf, à leurs peintures à l’huile.

En plus de permettre de mieux comprendre le travail de manipulation des matériaux derrière la création de ces œuvres d’art, ces connaissances pourront aussi aider à leur préservation et à leur conservation, pensent-ils.

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Source :Radio Canada

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