Polluants éternels dans l’eau : les É.-U. proposent la norme la plus stricte en Amérique

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Elle était attendue depuis plusieurs mois par de nombreux scientifiques et groupes environnementaux. Les communautés de tout le pays souffrent depuis trop longtemps de la menace omniprésente de la pollution par les PFAS [substances per- et polyfluoroalkylées], a déclaré Michael S. Reagan, administrateur de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis.

L’EPA a ciblé les deux contaminants les plus connus et documentés individuellement : les sulfonates de perfluorooctane (SPFO) et l’acide perfluorooctanoïque (APFO). Ces substances sont notamment utilisées pour rendre des revêtements hydrofuges ou résistants aux graisses et pour la fabrication de produits chimiques, respectivement, selon Santé Canada. Comme les autres PFAS, elles se dégradent extrêmement lentement dans l’environnement, d’où l’appellation contaminants éternels.

Une affiche sur laquelle apparaient différents produits de la vie quotidienne dans lesquels sont utilisés des PFAS.

En raison de leur grande stabilité chimique les perfluoroalkylées et les polyfluoroalkylées sont utilisés dans une multitude de produits de la vie quotidienne.

Photo : getty images/istockphoto / grafikazpazurem

Leur concentration ne devra pas dépasser 4 parties par billion (ppt) dans l’eau potable, soit l’équivalent de 4 nanogrammes par litre (ng/l). C’est la limite de quantification typique dans des laboratoires privés, explique l’ingénieur Benoit Barbeau, professeur et cotitulaire de la chaire industrielle en eau potable. La quantité totale de quatre autres types de PFAS pourrait aussi être réglementée.

L’EPA prévoit que, si elle est pleinement mise en œuvre, cette règle permettra, au fil du temps, d’éviter des milliers de décès et de réduire des dizaines de milliers de maladies graves liées aux PFAS. Cette action établit une protection nationale contre la pollution par les PFAS pour toutes les personnes, lit-on dans le communiqué de l’agence.

La réglementation américaine est soumise à une consultation et deviendra finale à la fin de l’année. Elle exigera que les villes qui dépassent ces futurs seuils interviennent pour corriger la situation.

Pour répondre à la norme proposée, plus de 5000 systèmes d’approvisionnement en eau devront trouver de nouvelles sources d’eau ou installer et exploiter des systèmes de traitement plus avancés, indique l’American Water Works Association, dans un communiqué.

La proposition actuelle est plus élevée que l’avis de santé publié en juin 2022 par l’EPA. Cet avis avait semé l’émoi tant les seuils étaient bas. Il était alors suggéré 0,004 ppt pour l’APFO et 0,02 ppt pour le SPFO.

Traces de PFAS dans l’eau : ce qu’il faut savoir sur ces contaminants éternels

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Plus restrictive que Santé Canada

Pour sa part, Santé Canada propose de fixer à 30 ng/L l’objectif pour la somme des concentrations de PFAS totales détectées dans l’eau potable. Il n’existe aucune norme au Québec sur la présence de PFAS dans l’eau.

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p class= »e-p »>En février, la plus vaste étude sur la présence des PFAS dans l’eau potable au Québec était publiée dans le journal scientifique Water Research.

L’eau potable de la presque totalité des villes québécoises présente des traces de PFAS. De l’avis de scientifiques, Saint-Donat, dans Lanaudière, et Val-d’Or, en Abitibi, affichent des concentrations préoccupantes. Deux autres municipalités excèdent la proposition de Santé Canada : Sainte-Adèle, dans les Laurentides, et Sainte-Cécile-de-Milton, en Estrie.

Toutes celles qui dépassent le critère canadien seraient aussi ciblées aux États-Unis, observe Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal. Il est l’auteur de l’étude québécoise. Mais il y a trois nouvelles villes au Québec qui dépassent un des critères de l’EPA : Sainte-Pétronille, Waterloo et Longueuil.

Au moment de la publication de l’étude, le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, a assuré que l’eau est très potable au Québec, malgré les contaminants. Il a indiqué que le Québec n’a pas le même historique industriel qu’aux États-Unis et que le portrait des PFAS est donc différent. On a une situation très avantageuse par rapport à ce que l’on voit aux États-Unis et on se compare très bien au reste du Canada et à l’Europe aussi.

À certains égards, la proposition américaine est plus restrictive que celle de Santé Canada, explique le professeur en chimie environnementale, Sébastien Sauvé. Mais elle n’aurait pas détecté un cas comme St-Donat qui est causé par des produits de mousses anti-incendies, non incluses dans le calcul des États-Unis.

Benoit Barbeau est du même avis. Il y a plus de villes québécoises qui ne répondent pas aux recommandations américaines qu’aux canadiennes.

Il s’agit de la recommandation la plus sévère en Amérique et la deuxième plus stricte dans le monde. Les Danois sont plus sévères encore, observe-t-il, à 2 ppt pour quatre types de PFAS. Les consultations publiques de Santé Canada ont lieu jusqu’au 12 avril.

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Source :Radio Canada

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