« L’Europe à tout prix » : Lampedusa peine à répondre à la crise migratoire

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Autour du port touristique de Lampedusa, les sirènes des ambulances commencent à résonner, puis les travailleurs humanitaires se précipitent vers l’un des quais.

Un bateau du gouvernement italien vient d’accoster, avec à son bord des dizaines de personnes qui ont été secourues en mer.

Les passagers les plus mal en point sont examinés sur place par des professionnels de la santé. Les autres sont enregistrés avant de monter dans un autobus qui les transportera vers le centre d’accueil, à quelques kilomètres du littoral.

Au cours de la dernière semaine, cette scène s’est répétée plusieurs fois par jour.

Plusieurs embarcations de fortune dans le port de Lampedusa.

Dans le port de Lampedusa, on peut voir les embarcations de fortune qui ont été utilisées pour traverser la Méditerranée.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

On a été engloutis par l’eau, des fois des vagues nous secouaient, raconte Marie, originaire du Cameroun, qui a été secourue avec son conjoint et son fils quelques jours plus tôt. Sur l’embarcation de fortune, récupérée par les autorités italiennes, ils étaient 40 ou 50 passagers.

Malgré la difficulté de cette traversée, qui a été précédée par un long voyage à travers plusieurs pays et des zones dangereuses dans le Sahel et le Sahara, la femme a conservé un but en tête. L’objectif, c’était d’aller en Europe à tout prix, dit-elle.

On voulait avoir un mode de vie adéquat, lui offrir quelque chose à lui, explique-t-elle en regardant son fils de 3 ans.

Marie et sa famille, en attente d'un bateau entre l'île de Lampedusa et la Sicile.

Marie, son conjoint et son fils, originaires du Cameroun, ont passé deux jours en mer avant d’être secourus.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Cette famille fait partie des milliers de personnes qui sont arrivées à Lampedusa au cours de la dernière semaine. Le centre d’accueil de l’île, qui peut recevoir 400 personnes, a rapidement vu sa capacité être largement dépassée.

Nous avions de la difficulté à répondre à certains besoins de base, comme la distribution d’eau, explique Giovanna di Benedetto, de l’ONG Save the Children. Son organisation est venue en aide à des mineurs non accompagnés qu’elle a vu arriver par centaines au cours de la dernière semaine.

Selon elle, de nombreux facteurs, comme les guerres, l’extrême pauvreté et les crises humanitaires liées au climat, expliquent la hausse des migrations, qui auraient atteint des niveaux semblables à ceux de 2016.

À Lampedusa, des professionnels de la santé viennent en aide à un homme secouru en mer.

Des professionnels de la santé viennent en aide à un homme secouru en mer.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Des traversées en hausse

En fait, depuis le début de l’année, plus de 126 000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes, un nombre qui dépasse celui de l’année 2022.

La situation a évolué, mais dans le mauvais sens. C’est dramatique, constate Vito Fiorini, le propriétaire d’une gelateria de Lampedusa. Il y a dix ans, il avait sauvé des migrants après un accident en mer qui avait fait des centaines de morts.

Le commerçant Vito Fiorino tend un gelato, à Lampedusa.

Le commerçant Vito Fiorino constate que la situation s’est dégradée au fil du temps à Lampedusa.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Face à l’exaspération d’une partie des 7000 habitants de cette île qui a vu sa population exploser ces derniers jours, la présidente de la Commission européenne a proposé des mesures qui visent à réduire les flux migratoires.

De passage dimanche à Lampedusa en compagnie de la première ministre italienne Giorgia Meloni, Ursula von der Leyen a présenté un plan en dix points qui vise notamment à offrir plus d’appuis financiers et logistiques à l’Italie, mais aussi à adopter des mesures plus sévères à l’endroit des passeurs.

Des travailleurs humanitaires et des dizaines de personnes secourues en mer sur un quai à Lampedusa.

Les travailleurs humanitaires et les représentants italiens gèrent l’arrivée de dizaines de personnes secourues en mer.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Bruxelles et Rome souhaitent également l’accélération de la mise en œuvre d’un partenariat avec la Tunisie, pays par lequel transitent de nombreuses personnes qui tentent la traversée de la Méditerranée. À terme, Tunis doit recevoir des centaines de millions d’euros de l’Union européenne.

Tous les clandestins qui viennent de Tunisie cherchent à passer. Ils ne sont pas venus pour rester en Tunisie, parce qu’en Tunisie, ça ne va pas du tout, raconte Mohamed, originaire de Guinée, qui dit avoir été agressé et volé dans ce pays d’Afrique du Nord. Les propos du président tunisien Kais Saied à l’endroit des migrants venus d’Afrique subsaharienne ont par ailleurs été dénoncés par des députés européens.

Mohamed, qui a mis plus de trois jours pour atteindre Lampedusa depuis les côtes tunisiennes, ne croit pas que les traversées cesseront. Il y avait plein de gens en Tunisie qui se préparaient pour venir, souligne-t-il.

Mohamed en entrevue sur le bord de l'eau.

Mohamed raconte avoir passé plus de trois jours en mer entre la Tunisie et l’île de Lampedusa.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Lorsque nous l’avons rencontré, le Guinéen s’apprêtait à quitter Lampedusa à bord d’un traversier qui transporte des groupes migrants vers la Sicile, avant que ceux-ci soient accueillis dans d’autres centres à travers l’Italie. Mohamed aimerait bien s’installer en Allemagne ou en France, mais comme beaucoup d’autres, il ne sait pas où il terminera son voyage et quel statut il obtiendra.

À Lampedusa, où certains résidents comme Vito Fiorini ont multiplié les efforts ces dernières années pour venir en aide aux migrants, nombreux sont ceux qui aimeraient voir des solutions concrètes à la crise migratoire, au centre de laquelle se trouve leur petite île.

Des personnes en file pour prendre un traversier.

Ce traversier assure une liaison entre l’île de Lampedusa et la Sicile.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Il faut que ces gens veuillent rester dans leur patrie, lance le commerçant Vito Fiorini, qui croit que pour décourager les traversées, il faut avant tout s’intéresser aux facteurs qui poussent les gens à quitter leur pays en si grand nombre.

Source :Radio Canada

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