
Cette transparence n’est pas nouvelle en Suède. En fait, elle est gravée dans le marbre de la Constitution depuis 1766. C’est une vertu cardinale chez nous. Elle compte beaucoup pour les citoyens, avec la liberté de la presse
, explique Lisa Helgelsson, chef des enquêtes à la radio publique suédoise, Sveriges Radio.
La liberté de la presse, c’est le côté face d’une même pièce. En 1766, encore, la Suède l’insérait dans son droit, une première mondiale.
Oui, on est des journalistes privilégiés
, convient Daniel Ohmann, reporter chevronné à Sveriges Radio. Il y a des enquêtes sur les revenus des individus ou sur les actions qu’ils possèdent que l’on peut faire en deux temps, trois mouvements. Il suffit d’un courriel à des agences ministérielles et elles nous l’envoient
, raconte-t-il.
D’ailleurs, contrairement au Canada, où la Loi sur l’accès à l’information est censée garantir une réponse en 30 jours, ici, tout se fait au plus vite. Parfois, on a nos réponses en deux heures
, raconte Sven Carlsson, reporter d’enquête en technologie à la radio suédoise. Au Canada, je sais que c’est bien différent
, ajoute celui qui a déjà travaillé dans une salle de presse montréalaise. Et en Suède, les types de documents que l’on peut exiger pour consultation sont des plus variés.
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p class= »e-p »>Tout ce qu’émet le gouvernement est considéré comme un document public. Les textos d’un ministre à un homme d’affaires constituent un document, les cookies d’une appli gouvernementale en sont aussi. Je peux demander tout ça, et ils doivent me l’envoyer
, raconte Sven Carlsson.
Le patron de l’entreprise téléphonique suédoise Eriksson peut en témoigner. Un journal a demandé l’ensemble des textos qu’il avait envoyés à un ministre et a ainsi pu démontrer que l’homme faisait du lobbying actif (Nouvelle fenêtre) pour la 5G chinoise en Suède.
Le collègue de Sven, Sascha Granberg, en rajoute : Pour chaque élection, on demande le personnummer [version suédoise du numéro d’assurance sociale] de tous les candidats aux élections. On s’en sert ensuite pour connaître leurs antécédents judiciaires dans lesquels ils sont mêlés, leurs revenus, leurs dettes… S’ils n’ont pas payé leur facture d’électricité, par exemple, ça devient de l’info publique.
Vous ne trouvez pas que c’est trop de transparence, par rapport au reste du monde?
Beaucoup de gens sont choqués d’apprendre ça quand ils viennent en Suède. Mais dans les faits, ça aide la société
, répond Sascha avec assurance.