L’impatience manifestée par le Canada et les leaders des pays des Caraïbes envers le premier ministre désigné d’Haïti, Ariel Henry, commence à porter fruit, croit André François Giroux, le nouvel ambassadeur du Canada à Port-au-Prince.
Je pense qu’on peut dire avec une certaine fierté que le message a été bien reçu et entendu
, dit-il en entrevue à Radio-Canada.
Cela fait plus de deux ans que le pays est plongé dans une triple crise humanitaire, sécuritaire et démocratique, à la suite de l’assassinat du président Jovenel Moïse. Depuis, le gouvernement d’Ariel Henry assure l’intérim à la tête du pays, dont la capitale est contrôlée à 80 % par les gangs criminels.
Le Canada ne cesse de plaider pour une solution par et pour les Haïtiens. Pour y arriver, le premier ministre Trudeau a profité du passage du leader haïtien à Ottawa, lors d’une réunion de la communauté des Caraïbes (CARICOM), en octobre dernier, pour lui réitérer l’importance d’une feuille de route devant mener à des élections démocratiques.

Le premier ministre Justin Trudeau a discuté avec Ariel Henry en octobre dernier, à Ottawa. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Le premier ministre Trudeau et la ministre Mélanie Joly lui ont passé des messages très francs sur la nécessité de tendre la main, de s’ouvrir à un dialogue politique inclusif.
Ces messages n’arrivaient pas seuls : l’ONU a adopté une résolution pour la création d’une force multinationale, dirigée par le Kenya, qui sera envoyée là-bas. Les étoiles commencent à s’aligner, avec cette force qui s’en vient
, dit l’ambassadeur Giroux. Le mandat de cette force doit être déterminé avec les autorités haïtiennes. Le moment est propice pour un accord
, fait-il remarquer.

André François Giroux est le nouvel ambassadeur du Canada à Port-au-Prince.
Photo : Source: Affaires mondiales Canada
Ça crée un momentum au niveau politique pour que les forces vives s’entendent.
Cette mission multinationale de soutien à la sécurité sera en place pour une période initiale d’un an et son budget, financé par les pays membres de l’ONU, est évalué à 600 millions de dollars.
Toutefois, les premiers policiers pourraient bien tarder à arriver. La mission est loin de faire l’unanimité au Kenya. Bien que les députés kényans aient donné leur feu vert à l’envoi d’un millier de policiers cette semaine, leur déploiement est contesté devant les tribunaux, et la Cour suprême de Nairobi doit trancher sur la constitutionnalité de cette force le 26 janvier prochain.
Participation canadienne à définir
La participation canadienne à cette mission dirigée par le Kenya reste à définir, mais le Canada s’est dit prêt à en faire davantage pour aider Haïti. D’ici là, l’ambassadeur rappelle que les 100 millions de dollars annoncés par le gouvernement canadien pour soutenir la Police nationale haïtienne (PNH) vont jeter les bases pour le travail qui sera effectué par la force multinationale, lorsqu’elle sera déployée.
Pour l’instant toutefois, il est même impossible de s’avancer sur le nombre de policiers canadiens qui vont participer à ces formations. On n’a pas finalisé les plans, mais on parle de groupes assez importants
, explique André François Giroux.
Les discussions avancent bien derrière les portes closes, assure l’ambassadeur qui est arrivé à Port-au-Prince il y a un peu moins de deux mois. André-François Giroux est confiant. Je suis un optimiste, j’arrive à un moment où j’espère que les choses vont commencer à s’améliorer
, affirme l’ambassadeur.