Le Vermont face à son passé eugéniste

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À l’époque, l’État du Vermont a fait un recensement et fiché 6000 indésirables. Certains ont été placés dans des institutions, d’autres ont été stérilisés. Mais leur nombre réel n’est toujours pas établi.

Selon les documents officiels, plus de 250 stérilisations ont été pratiquées au Vermont, mais ce chiffre est probablement largement sous-estimé, selon l’historienne Mercedes de Guardiola, qui travaille depuis sept ans sur ce dossier et qui publiera sous peu un livre.

On ne connaîtra probablement jamais le véritable nombre de stérilisations, dit-elle.

« Nous avons les certificats de stérilisation, nous savons que des cas se sont produits et n’ont pas été rapportés à l’État. Donc, nous n’en connaîtrons jamais vraiment l’ampleur. »

— Une citation de  Mercedes de Guardiola, historienne

Qui sont ceux qui étaient ciblés? Ceux qui étaient jugés dégénérés, qui ne correspondaient pas à l’idéal vermontois de l’époque : les personnes handicapées, les pauvres, les personnes aux prises avec des problèmes mentaux, mais aussi les immigrants, particulièrement les Canadiens français, les Italiens, les Irlandais, ainsi que les Autochtones.

Mais il faut comprendre une chose, explique l’historienne. Il s’agit d’un programme d’eugénisme, et si vous tombez dans une de ces catégories, ils sont contents de se débarrasser de vous. Ils n’essaient pas nécessairement de remplir un quota. Si vous correspondez à une de ces catégories, vous allez être ciblé.

La commission de vérité et réconciliation pourrait permettre de faire émerger de nouvelles informations.

S’inspirer du Canada et de l’Afrique du Sud

Une copie du premier volume du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation.

Une copie du premier volume du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Villeneuve

La commission de vérité et réconciliation est cruciale pour le Vermont, selon Patrick Standen, l’un des trois commissaires qui viennent d’être nommés.

Et son mandat est large. Outre l’eugénisme, il doit se pencher sur tout ce qui a pu ou peut encore aujourd’hui engendrer de la discrimination au Vermont, que ce soit dans les institutions ou à travers des lois.

La loi qui a mené à sa création précise même les populations qui ont pu subir des préjudices, que ce soit des personnes de couleur, des gens de descendance canadienne-française ou encore des communautés autochtones.

La commission du Vermont veut s’inspirer du travail qui a été fait dans le Maine, ainsi que des commissions menées au Canada et en Afrique du Sud.

Pour les victimes, la première étape, soit simplement être entendues et écoutées, pourrait signifier une certaine forme de guérison et de réconciliation, estime Patrick Standen.

Au terme de ces travaux, les commissaires produiront un rapport et ils pourraient aussi suggérer des gestes que l’État pourrait poser pour réparer les torts causés à ces individus.

Pour le moment, la commission en est encore à ses balbutiements, puisqu’il reste des gens à embaucher, comme un directeur exécutif ou des responsables de la recherche. Ces embauches devraient se faire d’ici la fin de l’été ou le début de l’automne. C’est alors que les travaux vont véritablement s’amorcer.

Une partie de notre travail va être historique, donc nous allons passer à travers des archives de plusieurs institutions, explique le commissaire Patrick Standen.

Il appréhende des difficultés d’obtenir les témoignages de personnes qui ont pu être victimes de torts causés par le Vermont. Dans plusieurs de ces communautés, ils ont déjà fait face à des représentants de l’État bien intentionnés, ce qui avait donné lieu à des dénouements négatifs.

Il invite d’ailleurs quiconque pouvant avoir des informations susceptibles d’aider la commission à le contacter.

« Le moment de tenir de telles commissions de vérité et réconciliation, c’est tout de suite après que les torts ont été causés. Trop souvent, la société prend du temps avant de développer la compassion pour bouger vers des excuses et la réconciliation. »

— Une citation de  Patrick Standen, commissaire

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p class= »e-p »>Et à ce stade, des gens sont décédés, les choses ont changé et les archives sont enterrées sous de nouvelles informations, souligne le commissaire Patrick Standen.

Des critiques de la part des Abénakis d’Odanak

Louis Tahamont et sa fille Laura.

Des familles abénakises, comme les Tahamont ici sur la photo, avaient l’habitude de déplacer, au gré des saisons, sur de vastes territoires aux États-Unis. (Photo d’archives)

Photo : MUSÉE DES ABÉNAKIS À ODANAK

Les Abénakis d’Odanak, une communauté autochtone du Québec, disent qu’ils n’ont pas été consultés ni même contactés pour le choix des commissaires, alors que cette commission va se pencher sur des enjeux liés à des personnes se disant abénakises.

On l’a su après coup, quand les commissaires ont été nommés. Sans avoir eu un coup de fil, un courriel ou une lettre nous demandant notre avis ou nos commentaires, explique le directeur général du Conseil des Abénakis, Daniel Nolett.

Le territoire ancestral des Abénakis couvrait une partie du Vermont.

Pour sa part, une des commissaires, Melody Walker Mackin, qui est membre d’une communauté autochtone reconnue par le Vermont, affirme que les Abénakis du Québec pourront être entendus s’ils veulent s’exprimer dans le cadre de la commission.

À lire et à écouter :

Source :Radio Canada

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