
En entrevue avec Julie Drolet à l’émission En direct avec Patrice Roy, vendredi, M. Chrétien a affirmé, de prime abord, que les Américains avaient tort
.
L’ancien premier ministre a assuré que les discussions avec l’ex-président américain George W. Bush et l’ex-premier ministre britannique Tony Blair avaient duré des mois
. Mais les deux dirigeants n’ont pas réussi à le convaincre.
La décision de M. Chrétien reposait sur deux arguments : l’absence de consentement des Nations unies
et le manque de preuves
.
Il a indiqué que tous les documents qu’il avait pu consulter à l’époque et les informations auxquelles il avait accès ne montraient aucune preuve que l’Irak possédait des armes de destruction massive, comme le soutenait Washington.
M. Chrétien a précisé qu’il avait annoncé à son homologue américain sa décision de ne pas engager le Canada dans cette guerre lors d’une rencontre à la frontière entre les deux pays, au cours du mois d’août précédant la guerre.
La séance avait duré 1 h 30, mais M. Chrétien a souligné que la question avait été réglée en quelques minutes. Après, on a parlé d’autres choses, de football, de baseball
, précisant que George W. Bush était déçu
. Il ne pensait pas que le Canada allait dire non
, s’est souvenu l’ex-premier ministre canadien.

L’ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien avait résisté aux pressions américaines pour participer à la guerre en Irak. En entrevue avec Julie Drolet, il se rappelle de certains faits marquants de ce mois de mars 2003.
L’histoire nous a donné raison
M. Chrétien a rappelé que c’était la première fois que le Canada ne participait pas à une guerre
avec les Américains et les Britanniques.
« C’était une bonne décision. L’histoire nous a donné raison. »
Sur le front intérieur, l’ancien premier ministre s’est rappelé que les avis étaient partagés, y compris au sein du Parti libéral du Canada.
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p class= »e-p »>Il a ajouté qu’il subissait également une pression des hommes d’affaires qui avaient peur que les Américains se vengent
.
Quant aux raisons qui ont poussé les Américains à envahir l’Irak, M. Chrétien a noté que MM. Bush et Blair avançaient des arguments différents.
Du côté américain, M. Bush basait son discours sur les armes de destruction massive
, dont les preuves auraient été rejetées par un juge municipal de Shawinigan
, selon M. Chrétien.
Pétrole
Quant aux Britanniques, M. Chrétien est revenu sur sa rencontre avec M. Blair en Afrique du Sud, au cours de laquelle l’ex-premier ministre britannique lui avait dit qu’il fallait se débarrasser absolument de Saddam Hussein
.
À ce propos, M. Chrétien a dit avoir rétorqué : Il y a [Robert] Mugabe [le président du Zimbabwe à l’époque, NDLR]
dont il faut se débarrasser aussi. Mais Mugabe n’a pas de pétrole
, a ajouté M. Chrétien, en soulignant que le premier ministre britannique ne lui avait pas adressé la parole durant un an après cet échange.
Jean Chrétien pense que l’une des raisons de cette guerre était le pétrole. Il a rappelé que Dick Cheney, le vice-président américain, était un gars du pétrole
. Mais on ne le saura jamais
, a-t-il confié.
Sur le plan international, M. Chrétien a assuré que l’ancien président mexicain Vicente Fox et son homologue chilien Ricardo Lagos l’avaient contacté pour prendre conseil au sujet de cette guerre. Les deux dirigeants avaient finalement pris la décision de ne pas y participer. Et ils ont tous deux remercié Jean Chrétien pour ses conseils.
L’ancien premier ministre a raconté que le chef de cabinet du président Bush lui avait dit : On vous voyait faire, on était pris par surprise
. Mais vous ne nous avez pas trahis comme d’autres l’ont fait.