
Les paléontologues ont mis au jour dans les dernières décennies plusieurs fossiles de chauve-souris dans ce gisement du début de l’éocène. Jusqu’à maintenant, leur travail avait permis de les classer en seulement deux espèces :
- une première identifiée en 1966 nommée Icaronycteris index;
- une deuxième identifiée en 2008 nommée Onychonycteris finneyi.
Ces espèces ont été décrites grâce à des squelettes presque complets découverts dans les sédiments du lac Fossil, le plus petit du système lacustre de Green River. Jusqu’à présent, aucune chauve-souris n’a été découverte dans les autres lacs de la formation.
Les basses terres du bassin du lac Fossil étaient chaudes et humides, semblables à un environnement subtropical
, expliquent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue PLOS ONE (Nouvelle fenêtre) (en anglais), qui ajoutent que le bassin était entouré de hautes terres et de montagnes, où l’on pouvait trouver une flore de climat plus tempéré
.
Repères
- La chauve-souris est un mammifère nocturne de l’ordre des chiroptères.
- Il en existe environ 1400 espèces dans le monde, regroupées en 175 genres et 20 familles.
- Elles représentent le cinquième des 6500 espèces de mammifères connues, le deuxième groupe en importance après celui des rongeurs.
- On les trouve partout dans le monde, à l’exception des régions polaires et de quelques îles éloignées.
- Pas moins de 17 espèces vivent au Canada, dont 8 au Québec.
Étant donné la très grande diversité d’espèces de chauves-souris observées à notre époque dans plusieurs écosystèmes, certains paléontologues pensaient que les habitats de la région de Green River devaient refléter cette réalité par le passé.
C’est le cas de la spécialiste des chauves-souris Nancy Simmons, du Musée d’histoire naturelle des États-Unis à New York, qui a participé à la description de la deuxième. J’ai toujours pensé que la région de Green River devait compter plus d’espèces de chauves-souris
, explique la scientifique dans un communiqué publié par le musée américain.
Des collègues néerlandais du Centre de biodiversité Naturalis partageaient cette opinion, si bien qu’ils ont réanalysé la collection de fossiles d’Icaronycteris index mise au jour depuis 1966.
« Un très grand nombre de chauves-souris ont été identifiées comme Icaronycteris index, et nous nous sommes demandé s’il n’y avait pas en fait plusieurs espèces parmi ces spécimens. »
En outre, dans le cadre de leur travail, Tim Rietbergen et ses collègues ont appris l’existence d’un squelette fossile exceptionnellement bien conservé, acquis par le musée en 2017 d’un collectionneur privé.
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p class= »e-p »>Les comparaisons avec les autres fossiles sont claires : le spécimen appartenait à une espèce différente. De plus, l’analyse d’un autre squelette fossile, découvert en 1994 et faisant partie des collections du Musée royal de l’Ontario au Canada, a permis de confirmer qu’il appartenait à la même espèce inconnue.
Cette dernière a été nommée Icaronycteris gunnelli pour souligner le travail du paléontologue Gregg Gunnell, décédé en 2017, qui a grandement contribué à la compréhension de l’évolution des chauves-souris.
Une évolution distincte
Il faut noter que les chauves-souris sont les seuls mammifères capables de voler, une adaptation apparue très tôt dans leur évolution.
En outre, les scientifiques pensent que les chauves-souris de Green River auraient évolué indépendamment des autres espèces de l’éocène. La découverte de ces fossiles nous aide à mieux comprendre ce qui s’est passé au cours de l’évolution précoce de ces mammifères
, note M. Rietbergen.