

Aux Pays-Bas, le nombre de menaces et de messages de haine envers les politiques explose. Cela a souvent lieu sur les réseaux sociaux.
Pour endiguer le problème, une unité spéciale de la police néerlandaise a été créée. Elle a recensé l’année dernière plus de 1000 messages haineux et menaçants contre des personnalités politiques, dont la majorité était pénalement punissable.
L’actuelle vice-première ministre et ministre des Finances, Sigrid Kaag, a été la cible de nombreuses insultes sur les réseaux sociaux. Elle a même reçu des menaces de mort.
Mme Kaag a annoncé cet été qu’elle se retirait de la vie politique. Elle se confie à Radio-Canada.
Est-ce ce climat de menaces, notamment sur les réseaux sociaux, qui vous a décidé à quitter la vie politique?
En effet, oui, mais c’est un climat de menaces, d’intimidation, de menaces de mort qui a duré plus de six ans. J’ai pris ma décision après une longue durée. C’est la conclusion. C’était la voix de ma famille et mes enfants et mon mari qui ont dit : « Puisque le gouvernement est tombé, s’il te plaît, ne te mets plus sur la liste comme leader de ton parti. Tu as fait ta mission au service de ton pays. Fais autre chose maintenant. »
Le fait d’avoir écouté votre famille qui avait peur pour vous et d’avoir décidé de partir, est-ce une victoire pour ceux qui vous ont menacé?
Oui et non. Il y a ceux qui vont considérer qu’ils ont gagné, mais à mon avis, non, puisque je m’exprime, je garde ma position, je tiens et j’ai toujours répondu. Il faut que d’autres suivent et qu’on se mobilise. On ne peut pas répondre tout seul.
Pourquoi avez-vous été particulièrement ciblée?
Il y a un profil, celui de la leader d’un parti politique qui a gagné les élections en 2021 : je suis internationaliste; je suis proeuropéenne; j’ai un mari palestinien, d’une autre identité traditionnelle néerlandaise. Tout cela fait de moi une cible idéale pour ceux qui s’expriment par la haine, surtout les partis d’extrême droite et ceux qui croient aux théories de complot durant la pandémie.
Qu’est-ce qui devrait être fait, selon vous, pour assainir le climat, garantir la sécurité des différents acteurs politiques?
Il faut que la société se mobilise. Il faut qu’on s’exprime. Il y a un silence de la majorité qui doit être transformé en une voix entendue partout. Il faut également une législation européenne et néerlandaise sur les réseaux sociaux.
Avez-vous l’impression de faire cavalier seul?
Je pense que j’étais seule au début. Maintenant, d’autres personnes dans d’autres secteurs d’activité à chaque niveau de notre société ont été atteintes par ce genre de harcèlement : des juges, des journalistes, des policiers. En évoquant le débat, je suis contente qu’à l’heure actuelle, il y ait plusieurs personnes, organisations et partis politiques qui non seulement s’en rendent compte, mais qui ont eu une prise de conscience et de responsabilité. Au moment de mon départ de la vie politique nationale, il y aura un changement.