
Plusieurs pays, dont le Canada, conseillent à leurs ressortissants d’éviter tout voyage au Soudan. On conseille aux ressortissants canadiens toujours sur place de rester à l’abri dans un endroit sécuritaire jusqu’à ce que la situation se stabilise
.
Alors que le chaos s’installe avec en arrière-plan des explosions et des tirs dans la capitale et dans d’autres villes, l’ambassade canadienne à Khartoum a temporairement suspendu ses activités. Des diplomates canadiens ont été évacués dimanche par des militaires américains de l’équipe d’élite de la Navy SEALs, rapporte le New York Times.
Trois hélicoptères ont atterri dans une zone ouverte une demi-heure après minuit […] Alors qu’un cordon de sécurité protégeait l’appareil, près de 90 personnes sont montées à bord : 72 membres du personnel de l’ambassade américaine, ainsi que six diplomates canadiens et quelques représentants d’ambassades occidentales et des Nations unies,
précise le journal.
Quelques heures plus tard, raconte le quotidien américain, un convoi des Nations unies a commencé à sortir de la ville en serpentant vers Port-Soudan, sur la mer Rouge, tandis que les diplomates britanniques et français étaient escortés jusqu’à un aérodrome situé à l’extérieur de la ville, où des avions-cargos militaires les attendaient.
D’autres groupes se sont dirigés vers Qadarif, une petite ville proche de la frontière avec l’Éthiopie, et un bateau affrété par l’Arabie saoudite a transporté ses diplomates en fuite de l’autre côté de la mer Rouge.
Par ailleurs, plus de 1000 ressortissants de l’Union européenne ont été évacués, a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, évoquant une opération complexe
.
Plusieurs capitales arabes ont également évacué des centaines de leurs ressortissants.
Un Libanais, parvenu à Port-Soudan en bus et prêt à embarquer sur un bateau, a confié à l’AFPun tee-shirt et un pyjama
. C’est tout ce qui me reste après 17 ans
au Soudan, a-t-il ajouté.
Les violences, principalement dans la capitale et au Darfour, dans l’ouest du pays, ont fait selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3700 blessés.
La plupart des étrangers évacués sont des membres du personnel diplomatique. De nombreux ressortissants attendent, eux, toujours une place dans les longs convois de voitures blanches ou les bus siglés qui partent en continu vers Port-Soudan ou des bases aériennes hors de Khartoum.
Colère
Certains Soudanais, en colère et abandonnés, s’en sont pris dimanche aux négociateurs occidentaux qu’ils tiennent pour responsables de l’échec des pourparlers politiques censés conduire à un régime civil.
Pour beaucoup de Soudanais, les responsables étrangers sont allés trop loin en se montrant complaisants avec les généraux rivaux, les traitant presque comme des hommes d’État, alors que les deux hommes ont pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État et ont un long passé d’abus et de tromperies.
Certains Soudanais craignent que le départ des diplomates étrangers ne permette un tournant encore plus brutal dans les affaires du pays.
« Vous nous avez mis dans ce pétrin et maintenant vous arrivez pour prendre vos proches (ceux qui comptent) et nous abandonner à ces deux psychopathes meurtriers. »
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p class= »e-p »>Des milliers de Soudanais ont déjà fui en Égypte, au Soudan du Sud et au Tchad, frontalier du Darfour. Cette région de l’ouest, la plus pauvre du pays, a été ravagée dans les années 2000 par une sanglante guerre ordonnée par le dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, et mené notamment par les miliciens Janjawids, le gros des troupes du général Daglo aujourd’hui.
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Aujourd’hui, alors que personne n’y a accès, cette région est de nouveau en proie aux pillages, aux attaques et aux atrocités.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) rapporte ainsi que 10 véhicules et six camions de nourriture ont été volés
, soit 4000 mètres cubes d’aliments
qui n’iront pas aux 45 millions de Soudanais, dont plus d’un sur trois souffrait de la faim avant le confit actuel.
Celui-ci a dégénéré en guerre samedi. Mais il couvait en réalité depuis des semaines entre les deux généraux. Alliés pour le putsch de 2021, ils ne sont pas parvenus à s’entendre sur l’intégration des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) aux troupes régulières.
Sur le plan militaire, avec les deux camps engagés dans une guerre de l’information, il est impossible de savoir qui contrôle les institutions du pays ou les aéroports et dans quel état se trouvent les infrastructures.