

Elon Musk, notamment propriétaire de SpaceX, reconnaît avoir refusé une demande de l’Ukraine d’activer l’accès à Internet via son satellite Starlink en mer Noire, près de la Crimée annexée par Moscou, empêchant ainsi une attaque de drone sur la flotte russe en septembre 2022.
La nouvelle a été révélée par CNN, qui a eu accès à un extrait d’une biographie à paraître consacrée à Elon Musk et écrite par l’auteur Walter Isaacson. L’extrait en question a ensuite été publié par le Washington Post.
Le satellite Starlink fournit aux Ukrainiens, autant civils que militaires, une bouée de sauvetage depuis le début de l’invasion russe en février 2021 dans les zones où les infrastructures numériques ont été détruites. Ses terminaux sont notamment utilisés dans les hôpitaux par des entreprises et par des organisations humanitaires dans tout le pays.
Nous avons reçu une demande d’urgence des autorités gouvernementales pour activer Starlink jusqu’à Sébastopol. L’intention évidente était de couler la majeure partie de la flotte russe au mouillage
, a publié jeudi sur X (Twitter) Elon Musk, après que l’extrait de sa biographie eut été publié par le Washington Post.
Le milliardaire a alors eu une conversation avec un responsable russe le portant à croire que cette attaque, si elle était survenue, aurait pu mener à un conflit nucléaire, selon ce que rapporte Walter Isaacson dans son livre.
Si j’avais accepté leur demande, SpaceX aurait été clairement complice d’un acte de guerre majeur et d’une escalade du conflit.
Elon Musk dément cependant certains points de la version des faits du biographe, qui soutient que l’homme d’affaires a secrètement dit à ses ingénieurs de désactiver la couverture dans un rayon de 100 kilomètres de la côte de Crimée
.
Il précise que Starlink n’était pas activé
dans les régions en question, et que SpaceX n’avait donc pas désactivé quoi que ce soit
. Il a plutôt refusé la demande de Kiev de l’activer.
L’Ukraine, dépendante de Starlink, accuse Musk d’avoir facilité une agression russe
En n’autorisant pas des drones ukrainiens à détruire une partie de la flotte militaire [russe]
, Elon Musk a permis à cette flotte de tirer des missiles vers des villes ukrainiennes, ce qui a tué des civils et des enfants
, a réagi Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.
C’est le résultat d’un cocktail d’ignorance et de gros ego.
Le contrôle quasi total qu’Elon Musk exerce sur la connectivité dans la zone de guerre a suscité des inquiétudes quant à son influence.
En octobre 2022, par exemple, il a affirmé qu’il ne pouvait pas financer indéfiniment
l’utilisation du satellite par l’Ukraine.
En février dernier, Kiev était en colère après qu’un dirigeant de SpaceX a déclaré que Starlink avait pris des mesures pour limiter l’utilisation de la technologie par l’armée ukrainienne pour contrôler les drones.
L’Ukraine, inquiète de sa dépendance à Starlink, a consulté d’autres fournisseurs d’Internet par satellite, mais aucun autre service n’offre la même portée, selon des responsables.
Starlink est le sang de toute notre infrastructure de communication
, a récemment admis Mikhaïlo Fedorov, vice-premier ministre de l’Ukraine, au New York Times.
Les États-Unis n’ont pas expliqué si les actions d’Elon Musk étaient acceptables pour un prestataire du gouvernement américain ni quelles mesures pourraient être prises en réponse.
Un porte-parole du Pentagone s’est contenté de déclarer que le ministère de la Défense était au courant et intéressé par ce sujet
, refusant de communiquer tout détail opérationnel
sur Starlink, pour des raisons de sécurité.
L’ex-président russe Dmitri Medvedev a salué la décision du magnat américain, qui craignait une riposte nucléaire
. Si ce récit est vrai
, il semblerait que Musk soit la dernière personne saine d’esprit en Amérique du Nord
, a-t-il ajouté.
Avec les informations de New York Times et Agence France-Presse