« Je pense que c’est naturel que l’Autorité palestinienne étende son influence jusqu’à Gaza », déclare en entrevue à Radio-Canada le secrétaire général adjoint du Fatah, la formation politique qui contrôle l’Autorité palestinienne.
Jusqu’à 2007, l’organisation était présente dans l’enclave palestinienne. Mais après une victoire électorale en 2006, le Hamas a violemment chassé ses adversaires, notamment des membres du Fatah.
Pour Sabri Saidam, un retour à Gaza après la guerre semble donc naturel, mais nous ne retournerons pas au dos d’un char d’assaut israélien
, tient-il à préciser.
Si le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, ne favorise pas cette option, Washington a évoqué ce scénario au cours des derniers jours.
Nétanyahou ne veut pas de l’Autorité palestinienne, c’est évident. Il croit que si l’Autorité palestinienne y retourne, elle traitera Gaza comme faisant partie d’un futur État palestinien.

Sabri Saidam, secrétaire général adjoint du Fatah, croit qu’un retour de l’Autorité palestinienne à Gaza serait naturel.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Selon le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, un plan de gouvernance devrait inclure une gestion commune de la Cisjordanie et de Gaza, sous l’égide de l’Autorité palestinienne
.
Une administration critiquée
En Cisjordanie, le territoire qu’elle dirige, l’Autorité palestinienne est pourtant loin de faire l’unanimité, bien au contraire.
Lors des manifestations en soutien à Gaza, organisées à Ramallah le vendredi après la prière, les chants associés au Hamas et son drapeau vert sont bien présents.
Depuis les attaques du 7 octobre, qui ont fait 1200 morts, dont un grand nombre de civils israéliens, et qui ont déclenché la guerre à Gaza, la popularité du Hamas a augmenté
, assure Zeid, résident d’un camp de réfugiés en périphérie de Ramallah. Nous devons libérer notre territoire
, ajoute-t-il.
Quant à l’Autorité palestinienne et à son dirigeant, le président Mahmoud Abbas, leur cote est loin d’être reluisante.
Avec des élections reportées à plusieurs reprises depuis le dernier scrutin de 2006, l’appui est difficile à mesurer, mais selon un sondage mené en septembre par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, seuls 21 % des résidents de la Cisjordanie étaient satisfaits du président Abbas.

Des hommes en train d’installer des affiches montrant le visage d’un homme tué dans une opération israélienne dans un camp de réfugiés, près de Ramallah.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Ashraf Ajani dit constater cette popularité du Hamas au sein de la population de Cisjordanie. Plus qu’à Gaza
, assure-t-il.
Lui-même natif de Gaza, ce membre du Fatah s’est installé à Ramallah en 2007, après la prise du pouvoir de l’enclave par le Hamas. Leurs adversaires étaient attaqués, arrêtés ou tués
, se souvient-il.
Ashraf Ajani, qui a été nommé ministre au sein de l’Autorité palestinienne à son arrivée en Cisjordanie, est aujourd’hui critique de l’administration au sein de laquelle il a servi.
Nous ne sommes pas d’accord avec le meurtre de civils, ce n’est pas bon ni pour nous, ni pour l’humanité
, dit l’ancien politicien, qui croit néanmoins que vu les conditions inhumaines
qui leur sont imposées, de nombreux Palestiniens souhaitent voir Israël subir des défaites
.
Il faut protéger la population. C’est malheureusement ce que l’Autorité palestinienne a échoué à faire.
L’Autorité palestinienne ne fait rien pour résister aux actions agressives de la part d’Israël
, explique-t-il, en référence à la présence de colonies sur le territoire cisjordanien et aux opérations militaires menées par Israël, qui assure s’attaquer à des cellules terroristes.
C’est donc sur un pouvoir politique grandement contesté que pourrait en partie reposer l’avenir de la bande de Gaza.
Ce n’est pas une priorité
, assure de toute façon Sabri Saidam, secrétaire général adjoint du Fatah.
Il faut d’abord cesser les hostilités. Puis, beaucoup de gens ont été déplacés. Même si on leur demande de rentrer chez eux, leur reste-t-il une maison? Il faudra penser à la reconstruction
, ajoute-t-il.