
Seulement 15 % des objectifs de développement durable établis par l’Accord de Paris sont en voie d’être réalisés, selon le rapport United in Science publié jeudi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Dix-huit organisations, dont le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ont contribué à la production de ce rapport, dont les perspectives sont plutôt sombres.
Sa publication survient quelques jours avant le Sommet sur les objectifs de développement durable et le Sommet sur l’ambition climatique, qui se tiendront la semaine prochaine à l’Assemblée générale des Nations unies, à New York.
2023 a amplement démontré que le changement climatique était une réalité. Des températures records brûlent les terres et réchauffent les mers, tandis que des phénomènes météorologiques extrêmes font des ravages dans le monde entier
, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, par voie de communiqué.
Nous savons que ce n’est qu’un début, mais la réponse mondiale est loin d’être à la hauteur. À mi-parcours de l’horizon 2030 des objectifs de développement durable, le monde accuse un terrible retard.
Le rapport United in Science est publié sur une base annuelle et analyse l’incidence des changements climatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes sur les objectifs de développement durable.
Des chiffres alarmants
Les rencontres qui se tiendront la semaine prochaine à New York seront l’occasion d’étudier des approches et des solutions scientifiques qui permettront de freiner les changements climatiques et d’en atténuer les impacts.
À la lumière des chiffres transmis avec le rapport United in Science, des mesures concrètes pour parvenir à ces fins sont d’une urgente nécessité.
On y recense près de 12 000 catastrophes attribuables à des phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes entre 1970 et 2021. Ces événements ont fait plus de 2 millions de victimes et généré 4300 milliards de dollars américains en dommages économiques. La vaste majorité des décès (90 %) et des pertes matérielles (60 %) sont survenus dans des pays en voie de développement.
La fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes aurait augmenté avec la hausse mondiale des températures, soutient le rapport. À ce titre, les experts consultés estiment à 98 % les probabilités que l’une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée.

Selon l’ONU, les prochaines années pourraient être les plus chaudes jamais enregistrées en raison du réchauffement climatique.
Photo : getty images/istockphoto / Marc Bruxelle
Le réchauffement climatique à long terme pourrait atteindre le niveau de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris au début des années 2030
.
Selon les politiques d’atténuation en vigueur, la hausse des températures est estimée à 2,8 °C au cours de ce siècle par rapport aux niveaux préindustriels, selon le GIEC.
L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture évalue pour sa part que 670 millions de personnes à travers le monde pourraient souffrir de la faim d’ici 2030, notamment en raison de catastrophes climatiques.
Urgence de réduire les émissions
D’autre part, les progrès ont été très limités pour réduire le hiatus entre réalité et engagements pour 2030 – à savoir l’écart entre les réductions d’émissions promises par les pays et les réductions nécessaires pour atteindre l’objectif de température de l’Accord de Paris
, peut-on lire dans le document.
On déplore une augmentation de 1 % au niveau mondial des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dues aux combustibles fossiles de 2021 à 2022. Les estimations pour les six premiers mois de l’année 2023 font état d’une nouvelle hausse de 0,3 %. Ces augmentations s’expliquent en grande partie par la croissance de l’utilisation du pétrole à la suite de la reprise du secteur de l’aviation
.

Les émissions de CO2 continuent de croître à travers le monde. (Photo d’archives)
Photo : Reuters / Peter Andrews
Les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de 30 % à l’échelle mondiale pour pouvoir contenir le réchauffement climatique à moins de 2 °C, comme l’a prescrit l’Accord de Paris.
Certains changements climatiques futurs sont inévitables et potentiellement irréversibles, mais chaque fraction de degré et de tonne de CO2 compte pour limiter le réchauffement et atteindre les objectifs de développement durable
, indique le rapport.
La science continue de montrer que nous ne faisons pas assez pour réduire les émissions et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris
, a déclaré Inger Andersen, directrice du Programme des Nations unies pour l’environnement, par communiqué.
Alors que le monde se prépare pour le premier bilan mondial à la COP28, nous devons accroître notre ambition et notre action, et nous devons tous vraiment nous mettre au travail pour transformer nos économies en une transition juste vers un avenir durable pour les populations et pour la planète
, a-t-elle ajouté.