
Demain, si on arrive à remettre une monarchie en place en France, ce sera lui qui montera sur le trône
, explique avec enthousiasme Guillaume de Salvandy devant ce portrait de Jean d’Orléans – un des prétendants à la couronne de France.
À côté du portrait officiel, une photo plus candide du comte avec son épouse et leurs cinq enfants, à la manière des clichés de famille que dévoile parfois Buckingham Palace. C’est important de montrer qu’ils ressemblent à n’importe quelle famille de Français
, explique Guillaume, 24 ans.
L’étudiant en droit milite depuis quelques années pour le retour de la monarchie en France. Sa famille n’est pas spécialement royaliste, mais plutôt de droite
, explique-t-il. C’est son insatisfaction politique qui l’a poussé vers le monarchisme.
Que ce soit un président de droite ou de gauche, ça ne change rien puisque, globalement, ils mènent à peu près tous la même politique
, déplore Guillaume. Le jeune homme voit d’un bon œil le retour d’un monarque, qui serait selon lui garant de stabilité, d’indépendance et de prestige.
« Avant la République, il y a quand même eu 1000 ans de monarchie en France. »
Un mouvement en croissance?
L’Action française n’est pas le seul groupe royaliste en France, mais c’est celui qui se mobilise le plus. La dernière décennie a en effet vu le nombre d’adhérents au groupe augmenter, de même que ses abonnés sur les réseaux sociaux.
Ça a commencé avec la Manif pour tous, qui était le grand mouvement contre le mariage homosexuel […] et qui nous a apporté beaucoup de militants
, raconte Guillaume.
Depuis, le royalisme continue d’attirer une jeunesse de droite de plus en plus mobilisée. Il y a un éveil des idées nationales et patriotes […] avec des gens qui votent pour Le Pen, Dupont-Aignan ou Zemmour
, poursuit l’étudiant.
Selon l’historien Baptiste Roger-Lacan, c’est justement à cause de ses affinités avec l’extrême droite que l’Action française a gagné en popularité dans les dernières années.
L’Action française capitalise sur le rejet de la République, de l’Union européenne, de la démocratie libérale, de l’immigration. Bref, des grands points qui structurent le discours d’extrême droite et qui réinvestissent aujourd’hui le discours monarchique
, souligne le spécialiste.
« C’est un mouvement très minoritaire, quasiment groupusculaire. »
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p class= »e-p »>Si Baptiste ne croit pas que le rétablissement de la monarchie se fera, il concède que de nombreux Français entretiennent un rapport sentimental
envers la couronne. En 2016, un sondage commandé par l’Alliance royale montrait en effet que 17 % des répondants étaient favorables à ce que la fonction de chef de l’État soit assumée par un monarque.
Les prétendants au trône incarnent l’idée du passé glorieux de la France, mais cette nostalgie ne se traduit pas par des attitudes politiques qui pousseraient, par exemple, à restaurer la monarchie
, explique l’expert, qui rappelle qu’un changement de régime serait constitutionnellement impossible.
Guillaume, lui, est convaincu qu’il prêtera serment à un roi de son vivant. Le royaliste confie d’ailleurs avoir un pincement au cœur
en voyant ses voisins britanniques célébrer un couronnement. On croit que c’est faisable. Peut-être dans 30 ou 40 ans, mais on y croit
, affirme-t-il.
Avant de célébrer un couronnement, le mouvement royaliste français se bute toutefois à de nombreux défis. Car, si différents groupes souhaitent le retour d’un roi, les monarchistes français ne s’entendent pas sur son identité : duc d’Anjou, comte de Paris ou prince Napoléon.