
Pour les consommateurs, il n’est pas toujours facile de faire des choix santé, note Charlène Blanchette, de la Coalition Poids. Nos milieux de vie nous encouragent à surconsommer les aliments ultratransformés
, observe-t-elle.
L’environnement nous expose aux choix alimentaires malsains, plutôt que le contraire, ajoute Jean-Claude Moubarac. Tant au niveau du prix que de la disponibilité et surtout de la publicité, on n’est pas encouragé à faire des choix sains ni écologiques.
La promotion dont bénéficient ces produits est un enjeu auquel on devrait s’attaquer, estime la Coalition Poids.
Il faut vraiment être critique par rapport au marketing alimentaire parce qu’il est très agressif
, rappelle Mme Blanchette.
« Peu importe ce qui est écrit sur l’emballage, que ce soit Keto, sans gluten, réduit en sucre, choix sensés, etc. pour notre santé, il n’y a rien qui égale la consommation d’aliments qui sont très peu ou pas transformés. »
Il faudrait notamment mieux encadrer la publicité visant les enfants, qui sont incapables de reconnaître les intentions commerciales du marketing, soutient-elle.
Un étiquetage plus clair aiderait également les consommateurs à s’y retrouver. Certaines modifications imposées par Santé Canada doivent être appliquées d’ici la fin de l’année, dont un meilleur affichage de la teneur en sucre des aliments.
Cependant, un projet d’étiquetage exigeant que les produits préemballés qui contiennent des niveaux élevés de gras saturés, de sucre ou du sodium soient clairement identifiés a été reporté et ne devrait pas être en place avant 2026.
Plusieurs pays, dont l’Argentine, le Chili, la Colombie et le Mexique, utilisent déjà ce type d’étiquetage.
Cela va être un bon moyen, si on a à choisir entre trois ou quatre boîtes de céréales, pour savoir laquelle contient plus ou moins de sucre, explique Véronique Provencher. Donc, ça aide à discriminer.
L’objectif est également d’inciter l’industrie à reformuler ses recettes et à diminuer la teneur en gras saturés, en sodium ou en sucre des produits pour éviter d’avoir à apposer ce symbole sur l’emballage, ajoute-t-elle.
Un procédé qui ne convainc pas Jean-Claude Moubarac. On mise encore beaucoup sur l’approche volontaire, en espérant que les compagnies vont réduire leurs efforts publicitaires ou la quantité de sucre dans leurs produits, souligne-t-il. Mais ce qu’on voit dans le monde, c’est que cela ne fonctionne pas.
« Demander à l’industrie de mener volontairement des actions qui vont lui faire perdre du profit, c’est illogique. »
Un avis partagé par Jean-David Zeitoun. Quand toute la société est faite pour rendre accessibles et abordables des produits trop transformés, artificiels et très mauvais pour la santé, évidemment que les individus cèdent à certaines facilités au détriment de leur santé
, remarque-t-il.
« Ce qui est fallacieux et trompeur, c’est de dire que l’offre alimentaire doit être laissée tranquille, que les industriels peuvent faire ce qu’ils veulent et que c’est uniquement aux individus de faire attention à ce qu’ils achètent. »
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p class= »e-p »>Le gouvernement a un rôle à jouer pour s’assurer que l’offre soit moins minable
et plus diversifiée, croit-il.
D’autant plus que la consommation de produits ultratransformés n’est pas près de disparaître.
Ce n’est pas tout le monde qui va se mettre à faire leur pain, leur yogourt ou leur fromage, souligne Véronique Provencher. Ces aliments existent parce qu’ils répondent à des besoins. Tout est dans la surconsommation.[…] On ne peut pas toujours consommer des aliments emballés, ça prend de la diversité.
Il est important aussi, remarque-t-elle, que les politiques publiques encouragent les entreprises qui proposent des produits de meilleure qualité. C’est d’ailleurs un des objectifs de la politique bioalimentaire du Québec, qui vise, entre autres, l’amélioration de la qualité nutritive des aliments transformés.
Développer une meilleure offre est nécessaire, estime également Jean-Claude Moubarac. Il faut favoriser une transformation vers un système qui produit davantage d’aliments frais peu transformés, qui soit plus rentable pour les agriculteurs et meilleur pour l’environnement
, note-t-il.
« Présentement, l’ultratransformation profite aux corporations qui vendent ces produits et ça procure du plaisir à beaucoup de gens, mais le prix à payer au niveau individuel et sociétal, il est énorme. »