Bienvenue à Poundbury, la ville imaginée par Charles III

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Il y a deux ans, sa femme et lui ont pourtant décidé de quitter le Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, pour s’installer à Poundbury, petite bourgade du sud-ouest du pays.

C’est d’ailleurs sur la terrasse du Duchess of Cornwall, hôtel et pub central de l’endroit, que Christopher et Françoise Ha, une autre résidente de Poundbury, nous ont donné rendez-vous.

Christopher Turner et Françoise Ha réunis à une table.

Christopher Turner et Françoise Ha sont membres de l’Association des résidents de Poundbury.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Tout est à, maximum, quinze minutes, explique Christopher, qui apprécie marcher pour faire ses courses ou participer à différentes activités.

La présence de commerces de proximité un peu partout sur le territoire fait partie des caractéristiques qui définissent Poundbury, dont l’idée est sortie tout droit de l’imagination du roi Charles III.

Dans les années 1990, celui qui était à l’époque prince de Galles s’est entouré d’architectes pour créer ce qui, selon lui, serait le développement urbain idéal.

À Poundbury, dont la population est d’un peu plus de 4000 habitants, on ne voit pas d’édifices modernes en verre. L’architecture, qui privilégie la pierre ou la brique, y est plus traditionnelle.

Des maisons à Poundbury.

Les résidences de Pounbury valent généralement plus cher que les autres maisons de la région, mais une partie du parc immobilier de la ville est réservée à du logement social.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Avec un grand parc et la proximité d’aires protégées, la nature y occupe aussi une grande place. Autre particularité de l’endroit : il n’y a pas de signalisation routière, ni panneaux d’arrêt ni feux de circulation, car l’un des objectifs est de diminuer la place occupée par la voiture.

Je ne suis pas certain que cette partie-là a fonctionné, souligne le conseiller municipal Richard Biggs, étant donné le nombre de voitures que l’on peut voir dans les rues.

À l’époque, le projet était très controversé, se souvient l’élu local, qui nous donne rendez-vous sur l’une des petites places commerciales de Poundbury. Il précise qu’il y a quelques dizaines d’années, l’endroit où nous nous trouvons était formé de champs, et que la transformation de ces terres appartenant à la famille royale en lotissement ne faisait pas l’unanimité.

Le duché de Cornouailles a été fondé en 1337 par le roi Édouard III. Ce patrimoine foncier et immobilier permet depuis au fils aîné du monarque de financer une partie de son train de vie. Le titre de duc de Cornouailles est aujourd’hui détenu par William, fils de Charles III.

L'élu local de Poundbury, Richard Biggs.

L’élu local Richard Biggs a assisté à l’évolution de Poundbury avec les années.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Aujourd’hui, Françoise Ha, présidente de l’Association des résidents de Poundbury, assure que beaucoup de ceux qui ont choisi de s’y installer apprécient le cadre dans lequel ils vivent.

Selon elle, l’un des avantages de ce développement urbain est la diversité sociale. Si les maisons s’y vendent environ 20 % plus cher que la moyenne de la région, environ le tiers de Poundbury est réservé à des logements sociaux.

« Sans son implication [le roi Charles], cela n’existerait pas. C’est en raison de sa vision que Poundbury existe. Il n’y a rien d’autre comme cela. »

— Une citation de  Françoise Ha, présidente de l’Association des résidents de Poundbury
Charles III, alors prince de Galles, inaugure un parc à Poundbury.

Selon les résidents, Charles III visite Poundbury environ deux fois par année.

Photo : Getty Images / WPA Pool

Un prince qui s’invite dans les débats architecturaux

Poundbury, dont la construction devrait prendre fin d’ici quelques années, est la mise en application d’une vision longtemps défendue par le nouveau souverain britannique à propos d’aspects liés à l’architecture et à la planification urbaine.

Nous devons faire beaucoup mieux pour les gens de ce pays, soutenait le prince de Galles en 2008 au cours d’une conférence intitulée Nouveaux édifices dans de vieux endroits.

Critique des constructions modernes dans des quartiers historiques, Charles a publié dans les années 1980 un livre consacré à sa vision pour la Grande-Bretagne.

Ça a lancé un débat qui est toujours en cours aujourd’hui, ce qui est une chose saine, croit le professeur en planification urbaine à la University College de Londres, Matthew Carmona. On ne doit pas nécessairement construire d’une certaine manière ou d’une autre, ajoute-t-il.

Le professeur Matthew Carmona de la University College de Londres.

Selon le professeur Matthew Carmona, les idées avancées par Charles III ne font pas l’unanimité dans le milieu de l’architecture.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

L’expert ajoute que, dans le milieu de l’architecture, plusieurs ont vu d’un mauvais œil les interventions du monarque, qui n’a pas fait d’études dans le domaine.

« Beaucoup d’architectes n’ont pas aimé ses interventions, notamment parce que, quand leur projet était critiqué par Charles, souvent il ne se réalisait pas. »

— Une citation de  Matthew Carmona, professeur de planification urbaine à la University College de Londres

<

p class= »e-p »>Pour ce qui est de Poundbury, Matthew Carmona qualifie l’endroit de plutôt étrange à plusieurs niveaux. S’il juge intéressante la proximité entre les commerces et les résidences, il est d’avis que le style utilisé ressemble peut-être un peu trop à quelque chose du passé.

En tant qu’architecte moi-même, je pense que nous devrions créer des lieux plus contemporains, ajoute-t-il.

Une vue aérienne de Poundbury, en Angleterre.

Poundbury est entourée d’espaces verts.

Photo : Getty Images / Finnbarr Webster

À Poundbury, un lien personnel

Malgré les critiques, Poundbury est une véritable source de fierté pour le nouveau roi. Les résidents affirment le croiser environ deux fois par année, à l’occasion de visites au cours desquelles il vient constater l’évolution du projet.

En 2012, il a par exemple inauguré un centre de production de biométhane pour alimenter en énergie des résidences de la région.

Si les résidents rencontrés sont généralement satisfaits, certains reconnaissent que tout n’est pas parfait. L’esthétisme prime sur les particularités environnementales, souligne par exemple l’élu Richard Biggs, alors que les questions environnementales sont pourtant chères au monarque.

Le conseiller municipal donne l’exemple des panneaux solaires qui, selon les règles en vigueur à Poundbury, ne peuvent pas être installés sur la façade avant de la toiture des résidences. Ils ne peuvent être posés qu’à l’arrière.

Des drapeaux britanniques à Poundbury.

À quelques jours du couronnement, les drapeaux britanniques sont visibles à Poundbury.

Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair

Mais ces jours-ci, dans les rues de Poundbury, ce ne sont pas nécessairement les débats architecturaux qui animent les conversations, mais plutôt les préparatifs liés au couronnement, une cérémonie qui revêtira une signification particulière pour les résidents.

Dans cette petite localité du sud-ouest de l’Angleterre, Charles III aura déjà laissé sa marque, et ce, bien avant d’accéder au trône. Le lien est personnel, constate l’élu Richard Biggs.

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Source :Radio Canada

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