Analyse | Au Royaume-Uni, les conservateurs « n’ont plus vraiment de cartes à jouer »

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Si, ces derniers jours, l’heure était à la fête autour du palais de Buckingham, à un kilomètre et demi de là, au 10 Downing Street, l’ambiance était bien différente.

À la résidence officielle du premier ministre britannique, Rishi Sunak a dû encaisser les résultats décevants des élections locales qui se sont déroulées jeudi en Angleterre.

Ce scrutin, qui vise à élire des milliers de conseillers et d’élus locaux dans tout le pays, s’est soldé par une défaite claire du parti au pouvoir. Par rapport au dernier scrutin local, le vote des conservateurs a baissé de 4 %. Un cap symbolique a été franchi : plus de mille pertes de sièges de conseiller ont été enregistrées.

C’est terrible pour les conservateurs, mais on s’y attendait, analyse l’ancien responsable de la politique britannique au Financial Times, James Blitz, qui rappelle qu’après une douzaine d’années au pouvoir, la marque conservatrice est entachée.

Liz Truss parle lors d'une conférence de presse.

La première ministre britannique Liz Truss a annoncé sa démission le 20 octobre 2022 devant le 10, Downing Street, à Londres.

Photo : Getty Images / Rob Pinney

Ces dernières années ont entre autres été marquées par des scandales entourant le premier ministre Boris Johnson et le très court règne de 45 jours de sa successeure, Liz Truss, dont certaines décisions ont secoué l’économie britannique.

« Chez les électeurs, il y a un peu un sentiment de fin de régime. »

— Une citation de  Iain Begg, professeur à la London School of Economics (LSE)

Signe des déboires électoraux du parti au pouvoir, les conservateurs ont perdu le contrôle du conseil de la ville de Windsor, à l’ouest de Londres, considérée comme un bastion de la formation de Rishi Sunak.

Ces scrutins, centrés sur des questions locales et qui enregistrent de faibles taux de participation, sont bien différents des élections générales. Rien pour empêcher les grands médias britanniques de projeter les tendances observées sur la scène nationale.

Ainsi, le réseau Sky News estime à partir des résultats de jeudi qu’en cas d’élections générales, le Parti conservateur serait chassé du pouvoir et remplacé par les travaillistes, qui forment en ce moment l’opposition officielle.

Selon ces projections, ce nouveau gouvernement serait minoritaire, puisque le Parti travailliste obtiendrait 298 sièges, alors que le seuil de la majorité à la Chambre des communes est fixé à 328 députés.

Le vote stratégique, outil privilégié des électeurs

En effet, si on se fie à une autre tendance démontrée par le vote de jeudi, les électeurs déçus des conservateurs au pouvoir ne se réfugient pas nécessairement tous derrière le même parti.

Dans le nord de l’Angleterre, les travaillistes ont réussi à reprendre le contrôle de certains de leurs bastions. Dans cette zone au passé industriel, longtemps qualifiée de mur rouge tellement elle était acquise au Parti travailliste, les conservateurs avaient effectué de fortes percées électorales en 2019, quand Boris Johnson était premier ministre.

Boris Johnson porte une épinglette des drapeaux britannique et ukrainien entrecroisés.

L’ancien premier ministre britannique Boris Johnson.

Photo : Getty Images / WPA Pool

Toutefois, dans certaines régions du sud du pays, zone généralement plus acquise aux conservateurs, ce ne sont pas les travaillistes mais plutôt les libéraux-démocrates, plus centristes, qui ont enregistré des gains aux dépens du parti au pouvoir.

« C’est cela qui n’est pas bon pour le Parti conservateur : les gens ont été intelligents. Ils ont dit : « Nous voulons expulser les conservateurs du pouvoir et nous avons voté pour cela. » »

— Une citation de  James Bliz, ancien responsable politique au Financial Times

<

p class= »e-p »>Le Parti travailliste, qui peut se targuer d’être devenu la formation la plus représentée au niveau local depuis les élections de jeudi, devra néanmoins surmonter certains obstacles s’il souhaite que son chef, Keir Starmer, fasse son entrée à Downing Street en 2024.

Un homme debout au parlement britannique.

Le chef de l’opposition officielle, le travailliste Keir Starmer.

Photo : via reuters / JESSICA TAYLOR/HOC

Selon Iain Begg, de la LSE, la stratégie de cette formation d’opposition se limite surtout à miser sur l’implosion des conservateurs sans formuler beaucoup de propositions politiques.

Je ne vois pas beaucoup d’engouement pour leur programme, avait justement lancé le premier ministre Rishi Sunak en commentant la performance de ses adversaires à la suite des scrutins locaux.

Autre point d’interrogation pour l’opposition travailliste : saura-t-elle reprendre des plumes en Écosse, une région qui compte 59 députés et où ce parti ne dispose que d’un seul élu? Les élections locales de jeudi, qui ne se déroulaient qu’en Angleterre, n’auront pas permis de répondre à cette question.

L’avenir semble néanmoins encourageant pour les travaillistes qui, en plus des résultats de jeudi, se retrouvent, sondage après sondage, devant les conservateurs au pouvoir à l’échelle nationale.

Pour renverser la tendance d’ici 2024, la balle est donc véritablement dans le camp de Rishi Sunak et de ses troupes conservatrices.

Or, après douze ans au pouvoir, dans un contexte économique qui demeure difficile pour de nombreux Britanniques, la tâche s’annonce ardue.

Ils n’ont pas vraiment de cartes à jouer, estime le professeur Iain Begg.

La prochaine campagne électorale nationale est prévue pour l’automne 2024. Il faudra donc attendre environ un an et demi avant de savoir si le roi Charles III devra demander à un nouveau premier ministre de former un gouvernement, lui qui, lors de son court règne, a déjà vu se succéder Liz Truss et Rishi Sunak.

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Source :Radio Canada

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