À Kharviv, des écoles aménagées dans les stations de métro

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Ce n’est pas la cloche qui a sonné le début des cours ce matin-là à Kharkiv, en Ukraine. Ce sont plutôt les sirènes de raids aériens qui ont accueilli les centaines d’enfants qui s’engouffraient calmement dans la station de métro Universytet. Le métro n’était pas leur point de départ, mais leur destination finale. Récit d’une journée d’école en temps de guerre.

La ville de Kharkiv espérait préparer suffisamment de bâtiments et y aménager des abris souterrains sécuritaires à temps pour la rentrée scolaire, mais y a finalement renoncé.

Des enfants descendent des escaliers.

Des écoliers rentrent dans le métro.

Photo : Radio-Canada

Nous sommes proches de la frontière avec notre agresseur. Dans le contexte, on ne peut pas se servir des écoles, même avec un abri, raconte Valeriy Shepel, directeur adjoint du département de l’Éducation.

Cinq stations de métro ont été aménagées en une dizaine de jours pour accueillir les écoliers.

Valeriy Shepel.

Valeriy Shepel

Photo : Radio-Canada / Marie-Eve Bédard

Ils étudient dans un format mixte. Aujourd’hui, ils sont ici et demain, ils seront avec le même professeur, mais en ligne. On alterne tous les jours. C’est le maximum que l’on puisse faire pour desservir environ 1400 enfants, regrette M. Shepel.

C’est beaucoup, beaucoup moins qu’il ne le souhaiterait. C’est presque symbolique.

Minute de silence

La journée s’amorce avec une discussion où chacun des enfants est invité à partager ses peurs.

J’espère que l’école ne sera pas brûlée, dit un petit rouquin, et moi, j’ai peur des missiles, dit une fillette qui lui tient la main. Une psychologue est présente dans chacune des petites classes. Elle observe, prête à intervenir.

Sur le coup de 9 h, tous les élèves se lèvent pour observer une minute de silence à la mémoire de ceux qui sont morts depuis le début de la guerre. Pour certains, c’est un recueillement pour un père, un oncle ou un voisin disparu.

Des enfants se tiennent la main, les yeux fermés.

À tous les matins, les enfants observent une minute de silence.

Photo : Radio-Canada

C’est la fin d’une leçon sur les chiffres et les nombres dans la classe de première année. Anastasia Provotorova invite les enfants à se dégourdir quelques minutes avant d’enchaîner avec le reste de la journée.

C’est important de les faire bouger, dit l’enseignante.

Des enfants dans une salle de classe. Une fillette saute sur place.

Les enfants se dégourdissent après une leçon.

Photo : Radio-Canada / Marie-Eve Bédard

Il n’y a pas de cour pour les jeux et les petits naviguent dans les passages du métro accompagnés d’un adulte. Sur les murs des petites classes insonorisées, des affiches colorées égayent le marbre brun qu’elles recouvrent.

Pour eux, c’est notre classe, pour nous c’est notre école. Le plus important, c’est que les enfants soient en sécurité. C’est un endroit sécuritaire pour nous tous.

Le tiers des étudiants a quitté la ville de Kharkiv depuis le début de la guerre, selon les autorités, et suivent un programme en ligne à temps complet. Boghdan est venu d’une ville voisine, emballé de quitter son écran d’ordinateur. C’est une très bonne école, lance-t-il le souffle coupé par l’excitation. Au premier rang de la classe, Eva partage son enthousiasme.

Pour moi, c’est mieux d’étudier ici, c’est sécuritaire. J’aime apprendre pour devenir intelligente. Ma grand-mère dit que ceux qui n’étudient pas ne savent rien, dit la petite avec un haussement d’épaules.

Une enseignante à cpte de son élève, qui pointe un tableau où se trouve un camion.

L’enseignante Anastasia Provotorova

Photo : Radio-Canada

Le contact physique a manqué tout autant à leur enseignante, Anastasia. Retrouver ses élèves devant elle, chacun à son pupitre, ça n’a pas de prix.

Ici, je peux toucher chaque enfant, chacune de leur tête. J’aime vraiment quand ils arrivent le matin et me serrent dans leurs bras, m’envoient des baisers. Je suis ravie de pouvoir les aider et me concentrer sur chaque enfant. En ligne, c’est très difficile.

Avec plus de 1300 écoles complètement détruites en Ukraine, selon l’UNICEF, c’est une génération entière qui risque de manquer une étape importante de son développement. Entre la COVID-19 et la guerre, ceux qui sont restés au pays n’ont plus revu de camarades depuis un long moment.

Deux fillettes sont assises en classe.

Au premier rang de la classe, Eva est heureuse de retrouver une école physique.

Photo : Radio-Canada

Selon Valeriy Shepel, le directeur adjoint du département de l’Éducation, il était urgent de ramener des classes physiques dans la vie déjà bien bouleversée des enfants.

Pour avoir une génération de gens qui savent communiquer les uns avec les autres, qui savent établir des liens, bien sûr, c’est le mieux que l’on puisse faire dans une telle situation.

Ils voudraient tous pouvoir dire avec certitude combien de temps cette situation va encore durer. Mais personne ici ne connaît la réponse à cette question.

Source :Radio Canada

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