

Il faut quelques heures au cerveau d’un visiteur pour comprendre que le corps humain n’apprécie pas vraiment les 45 degrés Celsius. Ce n’est pas tant le soleil sur la peau que la chaleur qu’il émet.
Après quelques heures à ces températures élevées, l’énergie se dissipe, la patience s’évapore. Le visiteur cherche l’ombre et l’eau. Mais pas celle de la bouteille laissée dans un véhicule stationné sous le soleil.
La normalité des choses n’existe plus : les poignées de porte en métal brûlent, les bancs de parc en plastique perdent leur utilité. Même le cellulaire réclame un peu de fraîcheur…
À Phoenix, le répit vient surtout avec l’air climatisé. En pleine chaleur, les rues sont désertes. Ceux qui doivent sortir le font rapidement. Les activités extérieures se font très tôt ou après le coucher du soleil. Des conditions bien difficiles pour ceux qui n’ont pas de domicile où emmagasiner un peu de fraîcheur.
Les itinérants sont parmi les plus vulnérables. Surtout ceux qui campent sur l’asphalte du centre de Phoenix. Chaud n’est pas le bon mot
, lance Ajoana, rencontrée près d’une douche improvisée avec un tuyau d’arrosage attaché à une clôture. C’est brûlant. Comme en enfer!
Elle dort mal sous la tente, sommeillant en agitant un morceau de carton près de son visage.
Il y a une semaine où ça a été vraiment pénible. Je pense qu’ils ont trouvé trois morts.
Des gens parfois intoxiqués, dont le corps n’a pas supporté les longues périodes de chaleur.
Le secteur surnommé The Zone
est un des endroits qui inquiètent beaucoup les autorités municipales. De l’eau fraîche, des solutions hydratantes et des conseils sont régulièrement dispensés par une petite armée de bénévoles.
Nos appels au 911 sont prioritaires
, explique Michelle Litwin, du programme de réponse à la chaleur pour Phoenix. Les hôpitaux ont ajusté leurs routines. Les corps en surchauffe sont plongés dans un sac mortuaire rempli de glace.
Chaque matin, un autobus municipal se gare près du campement. C’est un refuge climatisé de plus pour aider les corps à rester fonctionnels. Une autre mesure pour tenter d’éviter les morts. Lorsqu’il fait très chaud, Ajoana consacre ses journées à rester au frais. Si l’on voit quelqu’un qui a l’air déshydraté, on lui donne à boire. Tant qu’on reste ensemble, on est en sécurité.