Queen B fait un retour en beauté avec un disque baigné de house des années 1990… Un bijou pop à la fois accessible, exigeant et inclassable.
Ouf ! Beyoncé a enfin dévoilé son très attendu septième album Renaissance, nourri par la pandémie et le mouvement Black Lives Matter (qui lui avait déjà inspiré la chanson « Black Parade »). Six ans après le splendide Lemonade, un album sur la résilience à l’infidélité, elle n’a pas chômé (elle a notamment signé la bande originale du Roi lion), mais elle ne nous avait plus fait danser. Cette fois, finement inspirée par le retour en vogue du voguing et de la dance, la Texane de 40 ans, épouse de Jay-Z et superstar mondiale aux 185,5 millions d’albums vendus (c’est une des femmes les plus puissantes du monde), a des envies de légèreté et de joie.
Son premier single « Break My Soul » était déjà du miel pour les dancefloor. Sur un sample de l’incontournable tube de boîte de nuit des années 1990 « Show Me Love » de Robin S, elle répète comme un mantra : « You won’t break my soul », jusqu’à atteindre l’indestructibilité. Grâce à ce titre, Beyoncé est la première chanteuse à avoir placé plus de 20 chansons dans le top 10 des charts américains, dépassée seulement par Michael Jackson et Paul McCartney.
Dans la catégorie « bad bitch »… Mère, fille, épouse, chanteuse, business woman et superstar super-sexy, Beyoncé est une travailleuse acharnée, connue pour son perfectionnisme. Car l’ex-leader de Destiny’s Child contrôle tout : ses collaborations triées sur le volet, son look, son image artistique, et s’entraîne comme une dingue pour que ses chorégraphies millimétrées n’entravent pas la force de sa voix, dont les notes et le débit rappé ou chanté sont parfaitement maîtrisés. Même en live, la diva a beau faire rebondir ses fesses contre le sol, elle garde tout son coffre. Et elle ne lâche rien dans cet opus aux subtiles productions, avec des transitions impeccables, où les cadences s’accélèrent et ralentissent contre notre colonne vertébrale avec une incroyable fluidité, et où cohabitent en paix le rap, le R & B, la techno, la funk, la disco…
Hommage à la musique queer de ballroom, ce disque est dédié à son oncle Johnny, gay, aujourd’hui décédé du VIH, et n’inspire que force et confiance en soi (« nobody can judge me, I was born free » sur « Church Girl », ou « I’m one of one, I’m number one, I’m the only one » dans « Alien Superstar »). Première partie d’une trilogie, cet « Act I » a été pensé, selon Beyoncé, comme « un lieu pour le rêve, un refuge durant cette époque terrifiante pour le monde ». Elle explique sur son site : « Mon intention était de créer un lieu sécurisé, un lieu sans jugement. Un lieu libre de perfectionnisme et de ruminations. Un lieu pour crier, se relâcher, se sentir libre. » Irrésistiblement dansantes, ces seize chansons sont autant d’invitations à rejoindre sur la piste de danse la diva et son groupe (Pharrell Williams, Grace Jones, Drake, Jay-Z, Raphael Saadiq, Skrillex, Honey Dijon…). Sur « Summer Renaissance », elle invoque même « I Feel Love » de Donna Summer et Nile Rogers sur « Cuff It ». À nous de secouer notre « Bootylicious ».
Source: Lepoint.fr