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Publié le 30 janvier 2023 à 12:01 | mis à jour le 30 janvier 2023 à 12:01. www.Afrique-sur7.ci
Le président Laurent Gbagbo, après sa visite dans la région de la Mé, a remis le couvert en se rendant à Bayota, dans le département de Gagnoa (région du Gôh).
Au cours de cette visite, l’homme a parlé, il a parlé bien, et il a parlé fort. Un pan de son intervention a retenu l’attention de plus d’un, et mérite qu’on s’y attarde : C’est sa position relative aux coups d’états, à la situation qui prévaut au Mali et au Burkina Faso, sans oublier les errements de la Cedeao face à ce que vivent ces deux pays.
CEDEAO: AINSI PARLA GBAGBO!
D’entrée de jeu, l’homme a été on ne peut plus clair. Il est contre tous les coups d’états, quelle que soit leur coloration : militaires ou civils ; pour ce dernier cas, il s’agit de pouvoir issu d’un tripatouillage de la constitution, pour s’octroyer un mandat de plus, après avoir épuisé les deux reconnus par la constitution.
Ce postulat posé, le président Gbagbo note que, malgré le caractère anticonstitutionnel des pouvoirs au Mali et au Burkina Faso, les peuples de ces pays sont en parfaite congruence avec les militaires qui ont fait irruption sur l’échiquier politique. Ces peuples sont en parfaite harmonie avec leurs dirigeants et surtout avec les choix stratégiques que ces derniers ont opérés. C’est une donne qu’on ne peut ignorer dans les analyses.
Aux prises avec le terrorisme et le djihadisme qui se sont métastasés sur leurs territoires, nonobstant la présence des forces françaises et celles de l’Onu, les nouveaux dirigeants du Mali et du Burkina Faso, se sont décidés à se départir des pesanteurs qui les empêchent de lutter efficacement contre les maux qui assaillent leurs pays et leurs peuples. La Cedeao, l’organisation sous régionale à laquelle appartiennent le Mali et le Burkina Faso, plutôt que d’aider ces deux pays à éradiquer le terrorisme et le djihadime qui déciment les populations, se complait, le couteau entre les dents, à donner des injonctions et des ultimatums.
Elle réclame à cor et à cri des élections, ici et maintenant à l’effet de revenir à l’ordre constitutionnel.
Revenir à l’ordre constitutionnel, est dans l’ordre normal des choses, et c’est tout à fait légitime. Ce qui l’est moins, c’est d’organiser des élections dans des pays dont une partie du territoire est occupée par des bandes armées.
Cela est même une hérésie. On se rappelle que sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Kéïta au Mali, des élections législatives se sont tenues, en dépit du fait que le gouvernement malien ne contrôle pas l’entièreté de son territoire. Les groupes armés s’en sont donné à cœur-joie, et ont même pris en otage un responsable de l’opposition malienne. Peut-on dans ces conditions, exiger des élections ici et maintenant alors que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies ?
L’entêtement de la Cedeao dans sa position laisse croire que celle-ci a un agenda, dont elle-même n’est pas maîtresse ! Mais le plus désolant, c’est de voir des états africains, incapables d’aider efficacement deux des leurs, en engageant leurs forces aux côtés des forces armées de ces pays pour faire face à des bandes armées. Si un pays comme la Côte d’Ivoire, veut vraiment aider le Mali, il aurait été plus judicieux de voir son contingent déployé dans ce pays, combattre aux côtés des FAMa, et ainsi, on aurait compris le sens de l’aide et des sacrifices déclamés à tout bout de champ.
FACE À CES ERREMENTS DE LA CEDEAO, QUI NE RÉSOLVENT RIEN, LE PRÉSIDENT GBAGBO PROPOSE LA CRÉATION D’UNE BRIGADE ANTI-TERRORISTE ET ANTI-DJIHADISTE
Au lieu de cela, les forces africaines ont intégré la force de l’Onu au Mali, la Minusma, dont le rôle flou et l’efficacité sur le terrain n’est pas visible. Celle-ci donne l’impression que son rôle consiste à accompagner des soi-disant organisations de défense des droits de l’homme, à faire des décomptes macabres de « civils » tués (les terroristes ne sont pas en uniforme) et accabler l’armée malienne dès lors que celle-ci fait des opérations en réponses aux attaques des groupes armés. Les pays africains dont les forces sont au sein de la Minusma, se donnent l’illusion d’aider le Mali et le clament et haut fort, mais qu’ils sachent que leur engagement ne répond pas aux attentes des populations maliennes.
A un débat sur une chaîne de télévision auquel, nous avions été invité, des panelistes nous ont « jeté à la figure », que des militaires ivoiriens sont morts pour le Mali, quand nous avions donné notre position quant ce que devait être l’engagement des forces africaines au Mali. Certes ces militaires sont morts au Mali, mais sont-ils morts pour le Mali ?
Sont-ils morts au cours d’un combat aux côtés de leurs frères d’armes maliens ? Non. Ces militaires sont morts au cours d’une patrouille de la Minusma lorsque leur véhicule est passé sur un engin explosif, pas en luttant contre les terroristes aux côtés des FAMa.
Face à ces errements, surtout ceux de la Cedeao, qui ne résolvent rien, le président Gbagbo propose la création d’une brigade anti-terroriste et anti-djihadiste, composés d’éléments de tous les pays de la Cedeao, avec un engagement concret sur le terrain, et aux côtés des forces des pays aux prises avec les bandes armées.
C’est une véritable réorientation de la solidarité entre pays africains qui vient d’être déclinée. Mais bien plus, c’est une proposition responsable qui met en perspective, une volonté certaine de se prendre en charge et éviter qu’on rappelle à tout moment aux africains que du sang a été versé pour eux.
Ainsi parla Gbagbo.
S’il y a eu un soir en Afrique, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.
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